CHAPITRE III : NOTES DE PARCOURS DE P'TIT LOUIS
5. Notes prises pour rédiger le parcours du désir (5)
 

Description du trajet :

Départ : La cabine téléphonique à l'angle du boulevard de la Liberté et de la rue du vieux cours.
On descendra le boulevard de la Liberté jusqu'à la rue Jules Simon qu'on remontera un peu pour emprunter la rue Vasselot. Puis dans la rue Saint-Thomas, on tournera à droite pour emprunter la rue au Duc (on la lui rendra !) et atterrir Boulevard Magenta jusqu'à la rue Descartes à gauche. On traversera l'avenue Janvier et on passera dans la rue du Faux pont pour joindre la rue Saint-Hélier. On tournera à droite et on s'enfournera dans la rue J.-M. Duhamel qui nous mènera jusqu'à la gare.
Arrivée : Gare SNCF, sur la dalle en haut des escalators à l'arrivée des trains.
 
 

Rue du Vieux cours

On laissera de côté, à droite, la rue du Vieux cours. Il y a pourtant dans la vitrine du magasin Duros un beau gong de bois d'ébène sur lequel trône un vieux chef Africain assis à même le sol, doté d'une superbe… érection qui lui fait le zizi aussi long que le mollet. Depuis que je l'ai vu là, j'ai rebaptisé cette rue "rue du Vieux long", et si on écoute bien, si on regarde bien, on entend ses sanglots long, au vieux long. C'est que sa belle est en otage à l'autre bout de Rennes : c'est la femme aux seins en obus qu'on voit dans la vitrine du magasin de cadeaux exotiques situé rue du Champ Jacquet (je crois qu'il a pour enseigne Izuba).
Allons, il se trouvera sûrement dans tout Rennes un couple de bourgeois friqués et charitables qui voudra bien acheter le gong et la statuette pour réunir les deux amants. Sinon, s'ils sont encore là le 1er avril prochain, je suis prêt à lancer pour ma part une pétition et un appel aux pouvoirs publics afin qu'un rapprochement familial hautement souhaitable soit opéré (et surtout pour qu'on retire ce type de ma vue : il finirait par me foutre des complexes avec son, avec sa… Franchement, un peu de modération dans vos élans, monsieur, que diable !)
 

 
   
 
 
 
Rue Jules Simon

Pas de traces d'Adam ni d'Eve au Verger. Mais deux jolies pommes sur l'enseigne blanche : une verte et une rouge. Pas de traces non plus de Tchekhov à "La Mouette".

A côté, c'est Isope, chaussures. Isope, une déformation d'Isaure ?

Vu dans la vitrine de la Librairie ésotérique :
L'art taoïste du massage sensuel
Ton corps dit "aime-toi"
Mars et Vénus sur l'oreiller : petit guide pratique pour une relation passionnante et durable
L'union amoureuse, rencontre dans l'essentiel
Massage californien, art de la détente et du toucher
L'art de l'extase sexuelle : la voie de la sexualité sacrée et du tantra pour les couples occidentaux
Les arts tibétains de l'amour : sexe orgasme et guérison spirituelle
Tantra : le culte de la féminité : évolution du corps et de l'esprit par l'érotisme et l'amour
Il y a peut-être deux lettres en trop dans "ésotérique" ?

 De fait la librairie porte sur son enseigne "Aux portes du mystère". On trouve peut-être les mêmes livres "Aux portes du paradis" ?

Rue Vasselot

Tant va la rue Vasselot qu'à la fin elle se casse !

A l'entrée de la rue Vasselot, la pizzeria Rigoletto, avec sur la vitrine une espèce de Polichinelle vert blanc et rouge.
 
Un beau lion au pochoir sur la porte de "kilo-shop" 
 

A la courte échelle il y avait autrefois deux jolis petits personnages  qui semblaient dialoguer...
 

Le carnet de Casanova : une liste d'adresses. Des prénoms, des surnoms, le nom de la rue, le numéro de téléphone.
Imaginez un peu qui se trouve derrière ?

Kathia,  22, rue Vasselot
Lilie,   3, rue Saint-Georges
Odile,   1, rue Saint-Louis
Mignonne,  5, rue de Clisson
Discrète,  aux Longs-Champs
Darjeeling,  4, rue de Toulouse
Pamela A. Silicon Valley, 109

Belle mise en appétit ! Mais le parcours d'un lieu à l'autre, d'une dame à l'autre s'avère très décevant : on n'a pas le droit de toucher, pas le droit d'essayer, et les mannequins sont immobiles dans les vitrines de ces magasins de lingerie féminine.

 Chez Jocelyne et Christophe, fromagère et cuisinier depuis 1979. C'est une maison jeune, finalement, mais il est vrai que dans un an, 1979 nous ramènera un siècle en arrière.
Allez, ça mérite bien un poème de Théodore

Y mettre la patte
Ou bien le menton ?

Allongés sur la natte
Ou bien à croupetons ?

De cette histoire de chatte
Et de coups de bâton,

De cette histoire qui date,
Plaisir ? Reproduction ?

Il n'y a  vraiment pas
De quoi faire un fromage

Sauf s'il s'agit d'un Saint-Amour

A la Maison des senteurs, il y a une jolie statuette dans la vitrine : ce sont deux jeunes gens qui s'embrassent fort élégamment. Mais en face, au Boeuf charolais ...

On est forcé de s'arrêter chez Kathia.

Aux Couleurs de Celtie, même avec ses deux verrues sur le visage, la sorcière en vitrine est quand même jolie. Et les espèces de fées des grèves ou de la lande ont une beauté un peu sauvage même si on a le droit de les trouver "un peu sac d'os".

Cette rue est quand même un sacré festival de couleurs et de saveur, un peu comme la rue de Saint-Malo. Entre le Point gourmand et la reine de Palmyre, entre le chameau sur l'enseigne et les faisans sur le menu à la Tourniole, il y a des oranges et des verts, des jaunes, des noirs des blancs qui font autant d'effet à l'oeil que les motifs celtiques du bar de la Cité d'Ys.

Au Murano - c'est l'île des verriers dans la lagune de Venise - la pizza Murano est composée de noix de Saint-Jacques, crevettes, moules, tomate, crème fraîche, ail, persil. Plus loin, à la "Dentellière" (de Burano ? - l'autre île incontournable de la lagune vénitienne-), le menu est plus traditionnel.
Au Vivaldi aussi : la pizza Vivaldi : fromage, tomate, chorizo, origan, champignons, aubergines. Quand Isaure vous sortait de son sac le parcours de l'Italie à Rennes, elle passait immanquablement ici

A "Bières d'ailleurs", hésité entre la bière des Bonnets rouges et la bière du Diable. Me suis rabattu sur Blanche de Bruges, ma c(h)opine préférée.

 La rue Saint-Thomas
S'appelait autrefois
Rue de la toute première fois

Mais comme la première fois ça n'est jamais glorieux
Les habitants de la rue auraient trouvé bien mieux
Qu'elle soit appelée rue des Etalons fougueux
Ce qui était avouons-le, quelque peu prétentieux

Finalement, rue Saint-Thomas,
Chacun croit ce qu'il voit
Chacun voit ce qu'il croit

Et la toute première fois
Ma foi, c'est déjà vieux !
Et la toute première fois, mon Dieu,
Oublions la !

Rue des Carmes

C'est dans la rue des Carmes que se trouve la plus grande des clés de ceinture de chasteté parmi celles que j'ai vues jusqu'à présent à Rennes. Et dans le genre "je te possède, c'est pour la vie", il faut mentionner, pour ceux qui aiment ça, la possibilité de se faire tatouer dans la rue au Duc
 
 

Le parcours du loup. Voir le loup. On voit un peu partout dans ce quartier des affiches publicitaires pour une fiesta le 21 mai au "Loup-garou, la guinguette à Chavagne", représentant un loup en costar et noeud pap', très Tex Avery. Quelques temps avant, sur les parois des abris bus, c'était "Cherche loup de mer" ou "Mon homme, mon Lou et moi". Et depuis ce matin, c'est à nouveau Aubade et ses affiches en noir et blanc : "créer une zone de turbulence". Le discours du printemps à Rennes : Mesdames, achetez de la lingerie, c'est tellement bon quand vous l'enlevez ! 
 
Avenue Janvier

Au bout de la rue Descartes, sur l'avenue Janvier, jeu de détournement avec la carte du Chambord :
et si ce restaurant était lui aussi une ancienne maison close ? Si les spécialités qui figurent sur la carte étaient celles que se targuaient d'exécuter jadis les pensionnaires du lieu ? Adaptez le menu en ce sens :
Superposé de sardines de La Turballe
Mille feuilles de cookies [coquines ?] au pamplemousse
Allongement sphérique de menthe [d'amante ?] glacée
Dessert du moment
Poitrine de veau français farcie champignons
Trouvaille de bœuf du Limousin en cerfeuil
Radeau d'asperges au cabillaud
Amoncellement de dorade aux fenouils
Enfermement de selle d'agneau rôtie
Epigramme de côte d'agneau et poitrine braisée à la tomate
Voyage de beignets chauds à la gelée de pomme verte
Alternance de fraises, mousse citron et sablé

Plus loin, dans le quartier de la gare, d'autres anciens bordels moins chic proposent :
Le cabécou frais ou chaud
Le buisson du potager aux pétoncles
Le pot au feu de canard aux petits légumes
La morue fraîche aux aromates. [sic !]

D'autres se contentent d'afficher les surnoms des pensionnaires, sans indiquer leurs
spécialités :
La Montagnarde ; L'Auvergnate ; La Provençale ; L'Espagnole ; La Super chèvre ? ; La Bretonne ; La Florentine ; La Russe ; La Champenoise ; La Savoyarde ; La Forestière ; La Bourguignonne ; La Charcutière ? ; La Flammiche ?

On a même pu relever dans un ancien boxon italien :
La Sicilienne ; La Reine ; Le Vésuve !

Dans la rue du Faux pont
Pousser de vrais soupirs

Dans la rue Dupont des Loges
S'asseoir comme au théâtre avec un face-à-main
Ou bien un éventail
Ou des petites jumelles

Dans la rue Dupont des Doges
Chercher le Palais du même nom

Et retrouver ce vieux tableau
Où les doges avaient bonnet rouge
Comme sur la passerelle du même nom

Rue de la Grippe

En cherchant la rue du Faux pont - je voulais y entendre de vrais soupirs ! - j'ai senti l'humidité de Venise : du coup, je me suis retrouvé rue de la Grippe. Les deux ruelles sont parallèles et "coupent le fromage" entre l'avenue Janvier et la rue Saint-Hélier. A l'entrée de la première, rue de la Grippe donc, officient plusieurs médecins (non imaginaires) dont l'un, M. Lecoq, est étiopathe. On pense évidemment au Coq en pâte, rue du chapitre, mais aussi au jeu inventé par le docteur Suspicion : sur quoi votre médecin traitant a-t-il passé sa thèse ?

A l'autre bout de la rue, on joue au jeu des deux couleurs. Il s'agit de photographier des éléments de vitrine, de façade ou d'objets de la ville en gros plan. La condition est qu'ils n'aient qu'une ou deux couleurs assez vives, de manière à fournir ensuite la matière d'une exposition thématique : "Rennes rouge et noire, Rennes en jaune et en bleu". Le bar "l'Administratif" avec ses fenêtres mi rectangulaires, mi-ovales fera partie de l'expo "Rennes en jaune et vert".

Rue du Faux pont

La rue du Faux pont nous mène dans une espèce de petite cour où la végétation est abondante, il y a même un palmier. Il y a ici une école maternelle bilingue (français-breton) où il est annoncé que les classes vaqueront le vendredi 14 mai (mais il y aura classe le mercredi 12 mai). D'où l'appellation de rue du Faux Pont. C'est d'ailleurs dans cette rue qu'est né Jean Arcboutant-Carville, inventeur du week-end à rallonges amovibles et de la semaine des quatre jeudis récupérables. Viré de la fonction publique - on se demande bien pourquoi ! -, il devint conseiller technique auprès du CNPF et parvint à refiler au ministère du Temps libre le concept de "semaine des 35 heures flexibles" qui fit sa renommée.

A gauche, on peut admirer, en se penchant un peu, les deux vitraux, très jolis, de l'arrière du pub "the Sherlock Holmes Pub". Il existe également à Rennes un pub appelé le Watson, mais j'ignore s'il possède lui aussi des vitraux. Il faudrait mener une enquête.

A droite est représenté un portait stylisé de Molière en pied. Image très particulière : le dramaturge est sans yeux, il tient dans la main un bâton doré de pèlerin ou d'aveugle, et des plaisantins ont profité de sa cécité et de son immobilité forcée pour lui dessiner à l'endroit adéquat un sexe bien dodu gratifié de deux précieuses un peu ridicules. Le bougre a du en profiter pour quitter son mur à la nuit et aller retrouver , quelque part dans la nuit rennaise l'une des sœurs Béjart ou quelque autre femme de mauvaise vie. Ca ne lui du reste pas vraiment profité : des tâches de peinture rouge envoyées sur son nez lui font comme des boutons, comme s'il avait ramené des traces de son escapade nocturne.

A l'angle, quand on ressort, on lit en blanc sur fond rouge : "Toujours plus loin". C'est le nom qu'Isaure a donné par la suite à son "Agence de flânerie amoureuse rennaise".

Rue Saint-Hélier

A gauche, rue Saint-Hélier, il y a une agence immobilière qui vante les mérites de la résidence Pierre de Marivaux : "Investissez dans l'élégance et vivez la différence". Pour la résidence le Racine, le slogan est : "Le juste sens de l'équilibre". Encore un quartier du Théâtre ! Le Théâtre national de Bretagne est d'ailleurs juste en face. Ce qui explique sans doute la présence du Molière.

Rue Jean-Marie Duhamel
 


Mais faisons demi-tour et, un peu plus loin, tournons à droite pour une incursion dans la rue Jean-Marie Duhamel, physicien, 1792-1872. Sur le trottoir de gauche, surprise, d'autres vitraux à la façade du bar Le Rallye. Cette fois ci ce sont Francis Scott Fitzgerald et son épouse Zelda qui sont représentés en train de jouer au golf en 1925. Un second vitrail montre les mêmes arrêtés sur la Riviera avec leur superbe Rolls Royce quelques années plus tard devant une auberge. On voit un aubergiste bien franchouillard leur tendre un verre. Zelda a un foulard et Francis un imper. L'enseigne indique "Etape Rallye". Peut-être cette paillote a-t-elle été rebaptisée par la suite "chez Francis" en souvenir de son passage. Peut-être a-t-elle aussi des vitraux représentant une autre auberge dont les vitraux…
 
 
En face, c'est Media plus. Un graff' très coloré représente une jeune fille à cheveux verts, un noir qui fait de la pub pour les stylos Bic et d'autres personnages pas très ragoûtants à vrai dire. En haut de l'enseigne, il est écrit : "Dixième parallèle : mannequins de vitrine". Au-dessus de ce méli-mélo néo-punk flotte une planche à voile qui a servi d'enseigne jadis à Magic Surf. Ah bon, on pouvait faire de la planche à voile sur la Vilaine autrefois ?
 
 
A côté, c'est le Museum café, dont l'enseigne représente un building de Manhattan. A l'étage, on devine une salle de billard… américain ? Le mot de passe à l'entrée, c'est : "Il n'est pas là Cédric ?" (cf. La Maison du Plaisir)

A noter encore, au n° 31 de cette rue Duhamel un drapeau breton qui sert de rideau à une fenêtre. Quelquefois le matin, le soleil illumine la blanche hermine (en fait, elle est noire sur le drapeau !)?

Des autocollants ont fleuri un peu partout pour "Mystica teatcha (groupe de rap français) : "Au cœur du sanctuaire" (titre du dernier album disponible). C'est un très joli titre, très évocateur.

Au bar "le Bon accord", le bar se réserve le droit de sélection à l'entrée. Y'en a marre de ces chorales où il faut passer des auditions ! Militons pour le droit aux fausses notes !

Au n° 49, il y a un mascaron féminin au-dessus de la porte. Ce pourrait être en souvenir de la marquise de Sévigné ?

Au 57, sur le premier rideau, Pierrot et Arlequin jouent de la musique : un duo mandoline et flûte. Sur le deuxième, ils ont laissé les instruments et se sont pris la main. Peut-être, à la nuit tombée fréquentent-ils la brasserie le Café noir, en face, ou bien à côté, San Francisco Gym, centre de remise en forme ?

A l'approche de la gare, plus grand chose. L'Eléphant d'or, restaurant indien, et les bistrots traditionnels : le Bout du monde, la Grillade, le Surcouf, le Petit Caboulot.
 
 
 
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