Description du trajet :
Départ : Arrêt
de bus rue de l'Horloge
On descendra la
rue de Rohan, traversera les quais et au lieu de continuer dans la rue
de Nemours, on ira prendre à droite la rue d'Argentré, la
rue de la Chalotais, et la rue Lanjuinais. On tournera à gauche
sur le boulevard de la Liberté, on fera une incursion de quelques
pas dans la rue de Nemours puis on traversera le boulevard devant les halles
pour rejoindre la cabine téléphonique.
Arrivée :
La cabine téléphonique à l'angle du boulevard de la
Liberté et de la rue du vieux cours
Rue
de Rohan
Nous laissons à
notre gauche, entre "Impulsion", "Studio aventure" et "Divergence" le quatuor
très roman-photo de "Marie et les garçons". On pense au grand
méchant loup et aux trois petits cochons. Lequel de ces jolis trois
petits minets Marie va-t-elle croquer ? Kevin l'homme de paille, Dylan
qui fait flèche de tout bois, ou l'inestimable Jean-Eudes ? Laissez
béton. A mon avis, elle va se les faire tous.
Sur le quai Lamennais,
on pourrait inventer l'histoire des deux personnages Renaissance sculptés
sur la porte à deux battants du n° 5. Mais ils semblent si renfrognés,
tous les deux...
Pas grand chose
non plus rue d'Argentré. Difficile de désirer, de délirer
ou de fantasmer sur "Cuir et traditions", "Ar kizell coiffure", "Ar pillig",
crêperie, Yvert et Tellier (ah bon, c'est là qu'il est, maintenant,
le club échangiste rennais ?). Peut-être y a-t-il quelque
chose à faire avec le gros bouddha hilare qui trône "aux délices
d'Asie". On pourrait peut-être commencer par faire la liste des magasins
qui contiennent le mot "délices" dans leur nom ?
A droite, le dimanche matin, le soleil donne en plein sur les rideaux de la Boîte à rire. Sur celui de droite se trouve un joli clown coloré. Sur celui de gauche, un quatuor de joyeux fêtards : il y a là un trompettiste, un homme nu qui joue du tambour et une jeune femme assez dénudée elle aussi. Sans doute ont-ils passé la soirée au Bacchus qui n'est pas loin. Personne dans le quartier ne semble s'être plaint du bruit de leur orgie. |
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A côté, chez monsieur Michel Martin, il faut admirer la poignée de la porte. Il s'agit d'une grande clé, car ce monsieur est quincailler-serrurier. On peut commencer ici, si l'on veut, une collection de clé de ceintures de chasteté ayant appartenu à des épouses d'ogres. Celle-là, même si elle est de bonne taille, ne sera pas la pièce maîtresse de notre collection ! |
Sur le trottoir d'en face, chez Jean-Louis Gallon, une belle enseigne de serpent. A coupler, au jeu de memory, avec l'enseigne de pomme du "Verger", rue Jules Simon.
Dans la vitrine d'à
côté, on peut lire le début d'une histoire bizarre
: "Ces derniers temps, il avait remarqué que le téléphone
sonnait beaucoup moins. Sa perruche était devenue beaucoup moins
bavarde. Etait-elle malade ?... Des experts sont à votre écoute".
Il ne s'agit nullement
d'une histoire de suspicion, d'adultère, de détective privé,
d'écoutes téléphoniques. Ce ne sont que des publicités
pour "Entendre, déficience auditive". Nous sommes en effet chez
Audioson.
Le bout de
la rue de la Chalotais, c'est un peu "Etonnants voyageurs", le festival
de littérature de Saint-Malo. Outre le Bacchus, mentionné
plus haut, on y trouve "la Source du Liban","Au p'tit mousse" (très
belles enseignes), "le Quai ouest", le salon de coiffure "Infini-tifs"
et surtout le bistro "la Table des matières" sur la façade
duquel il est écrit "la cave se rebiffe".
Rue
Lanjuinais
La boutique de Fred
Templier s'appelle l"Ecran". L'enseigne est constituée d'une paire
de ciseaux ouverts, les pointes vers le bas, et il faut espérer
qu'elle ne se décrochera pas brutalement le jour où vous
passerez dessous, car ils semblent lourds et pointus. L'écran est
un salon de coiffure, mais le maître des lieux crée aussi
des bijoux pour les défilés de Christian Lacroix. En vitrine,
il y a une femme qui me plaît : elle est faite tout en grillage et
à la place de ses yeux, le coiffeur créateur a mis deux miroirs
carrés, ce qui me permet de caser ici un autre poème de Théodore
:
Le miroir à
deux faces
Je m'y regarde et je t'y vois Si je le tourne
je m'efface
Si tu t'en vas
elle se casse
Le miroir à
deux faces
Je ne veux pas
rester de glace
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Une autre sculpture
sympathique figure une femme de métal dont seuls les seins et les
pieds sont en terre cuite. Derrière encore, on voit une robe de
velours rouge avec des seins en forme de poires très pointues.
On trouve également à l'Ecran un mur peint qui évoque, de façon un peu décalée, le Festival de Cannes. Des projecteurs sur une plage, un type avec une caméra, une fille avec un sein dénudé, mais les personnages ont un air étrange, halluciné (alu-ciné ?), un peu comme les belles dames des toiles de Paul Delvaux. |
Boulevard
de la Liberté
Sur le trottoir
d'en face, au numéro 39, officie Yvonne Roze... Yvonne Roze, c'est
une agence matrimoniale. Sur le prospectus publicitaire, on lit qu'"elle
a la plus longue expérience du matrimonial de la région"
! Qu'est-ce que ça veut dire, la plus longue expérience matrimoniale
de la région ? Elle a fêté ses noces d'or, cette dame-là
? Le bureau de cette officine d'union et de mariages est situé,
à Rennes, 39 boulevard de la Liberté ! Il y a une annexe
à Saint-Malo 40 boulevard des Ta(u)lards ! 10 numéros plus
loin sur ce même boulevard officient 3
sexologues ! Enfin
tout ça, c'est ce que raconte l'annuaire de 1997. Au n° 49,
on ne trouve que des plaques de psychologues.
Ajoutons qu'en tournant
à gauche, nous trouverons, tout au long de notre parcours des instituts
de beauté et des salons de coiffure à foison.
Chez Jalm
coiffure, derrière une boîte aux lettre allemande très
décorative, on trouve la mention : "champion du monde de coupe sculptée".
Au burin et au marteau ? Plus loin dans la rue de Nemours, le glacier Laloue
est également sculpteur sur glace. Entre les deux, il y a Jeff de
Bruges et surtout l'"Italie gourmande" qui prend tout son éclat
vers 11 heures du matin les jours ensoleillée : une vue sur Santa
Maria della Salute en jaune et vert avec gondoles au premier plan.
Quand Rennes est
sous la pluie
Bruges est sous
le déluge
Mais Jeff n'est
jamais seul dans la rue de Nemours
Dans Rennes, comme
à Bruges,
Sa vitrine est
fournie
Et le chocolat
blanc est bon pour les amours
Quelle surprise
! C'est bien lui dans la vitrine ! Le
bureau de M. Casanova ! J'allais souvent lui rendre visite à
ce vieux monsieur qui habitait dans la rue de Brest autrefois. J'ai d'ailleurs
dans ma cave une valise pleine de documents qui lui ont appartenu et dont
il m'a fait cadeau. C'est assez miraculeux de retrouver son secrétaire,
tel que je l'ai toujours vu, avec les soutien-gorge débordant de
tous les tiroirs, dans la vitrine des "Dessous du chapitre". Je suis sûr
qu'il serait heureux de voir ça, s'il était encore là,
ce vieux fétichiste de Casanova !
Ceux qu'il préférait,
le Casanova de la rue de Brest, c'étaient les noirs pleins de dentelles
et aussi, à cause d'une demoiselle qu'il avait rencontrée
et séduite sur la passerelle homonyme, ceux qui avaient des bonnets
rouges. Je crois qu'il ne serait pas resté insensible ce jour, d'une
part en retrouvant son vieux bureau, mais aussi en admirant le modèle
noir à pois blancs porté par la jeune femme sur la moto.
A la Bernique hurlante, je ne sais pas si le propriétaire de la
moto aurait été en état de dire quoi que ce soit en
voyant un bolide pareil lui faire l'honneur de chevaucher sa trottinette.
En tout cas bravo Lise Charmel ! (Je ne sais pas si c'est le nom de la
fille, le nom du soutien-gorge ou le nom du fabricant de lingerie)
Dans la rue de la
Monnaie, on peut chanter, jouer de la guitare, faire la manche, les gens
ne donnent jamais rien. Mais boulevard de la Liberté c'est pire
: c'est toujours "Rennes sous la pluie".
Un petit moment
d'émotion, au Saphir. Parmi les boîtes à bijoux et
les figurines en porcelaine de ce magasin d'antiquités, une vieille
horloge est surmontée d'Isaure et Théodore, sculptés
à son sommet. Lui est assis et dessine ou écrit sur une grande
feuille. Il tourne son regard vers elle qui a posé ses deux mains
fort amoureusement sur son épaule droite. Une image de bonheur dans
la ville.
L'étiquette
avec le prix est tournée vers l'intérieur du magasin, je
ne sais pas combien vaut cette horloge. Si je l'achetais, je ne sais pas
où je la mettrais chez moi : je n'ai pas la cheminée de marbre,
le sofa moelleux et les tableaux de maître qui vont avec cet objet-là.
Mes enfants et mon épouse m'en voudraient certainement beaucoup
de dépenser ainsi l'argent de la famille à des stupidités.
Bref, je vais encore
être raisonnable. Je reviendrai dimanche prochain avec une autre
pellicule et je photographierai Théodore
et Isaure. Défense est faite à tous les Rennais, à
toutes les Rennaise, de venir acheter l'horloge d'ici là.
Petit à
petit, les voitures du mariage quittent la place de la Mairie
Mais quand elle
retrouvera son voile tout chiffonné dans le petit matin
Alors la mariée
ouvrira la fenêtre et respirera l'air du boulevard de la Liberté
Flic en Flac,
rue de Penhouet
Rennes sous la
pluie, boulevard de la Liberté
En Bretagne,
il ne pleut que sur les cons, dit le proverbe.
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