Description du trajet
Départ
: 40, rue de Saint-Malo La bernique Hurlante
On prend
ensuite à gauche la ruelle aux Chapeliers, puis la rue G. Tardif.
On prend à gauche la rue de Dinan que l'on descendra, après
une petite incursion dans la rue Noël Du Fail, jusqu'au théâtre
du vieux Saint-Etienne. On évitera de regarder dans la rue d'Echange
et on tournera rue Pierre Gourdel. On descendra jusqu'au boulevard de Chézy,
on tournera à droite et avant le Carpe Diem on prendra l'escalier
qui mène rue d'Echange aux portes du Paradis. Puis on reprendra
la rue de Dinan jusqu'au bout, rue de Juillet, on traversera la place du
bas des Lices et on arrivera enfin rue de la Monnaie.
Arrivée
: 4, rue de la Monnaie
Ruelle
aux Chapeliers
Par une
petite porte situé à côté de l'Hélios,
autre restaurant grec lui aussi blanc et bleu, on pénètre
dans la ruelle aux Chapeliers. Alors commence pour nous un périple
au désert, une promenade silencieuse dans des endroits fort calmes.
Nous sommes ici au coeur de la cité d'Aleth mais rien n'évoque
vraiment cette partie de Saint-Malo/Saint-Servan que je ne connais pas
mais qui est située non loin de la tour Solidor. Peut-être
par beau temps, de la cité d'Aleth, la vraie, aperçoit-on
les côtes blanches de l'Angleterre ? Ici, en tout cas, oui. Les petites
ruelles, les courettes et les jeux d'enfants évoquent les nursery
rhymes, les films de Kenneth Loach et les folies d'Alice au pays des Merveilles
:
On pourra jouer ici aussi au "jeu du memory des rues de Rennes" :
Dans
la ruelle aux Chapeliers
Le
temps s'est arrêté :
Il
est toujours l'heure du thé
Mais
"L'Heure des thés"
S'est
arrêtée
Place
du Champ Jacquet
Dans
la ruelle
Aux Chapeliers Si votre belle Vous a posé Un lapin C'est un lapin fou à lier Sûrement échappé du pays d'Alice Pour vous faire goûter aux délices Du désir de la retrouver |
![]() |
On peut
jouer aussi au jeu du puits de mélasse, mais c'est plus... délicat.
Le loir,
dans Alice au pays des merveilles, raconte l'histoire des trois soeurs
qui vivaient dans un puits de mélasse et qui apprenaient à
dessiner tout ce qui commence par M.
Vous
aussi, faites la liste de tout ce qui commence par M et qui a trait au
désir et dessinez-le :
Mariée
Minette Mamelon Mie Mignonne...
Ou par
C ou par B ou par S....
N'éveillez
pas le chat qui dort dans la ruelle aux chapeliers
Ce
n'est pas encore l'heure du thé chez la marmotte
Ni
celle de jouer à sourire perché dans la rue de la Tamise
ou aux jardins de Londres
Rue
Noël Du Fail
Rue Noël
du Fail, il faut aller voir sur la gauche l'atelier de serrurerie et de
ferronnerie d'art. Sur la porte, en fer forgé rouge, est représenté
un ouvrier. De son marteau levé, il s'apprête à frapper
le métal en fusion pour forger une ceinture de chasteté pour
la femme du croisé méfiant qui habite plus loin dans la rue
de Dinan.
Un peu plus loin dans la rue, au numéro 22, il y a d'autres mosaïques d'Odorico.
Les
"Contes d'Eutrapel"
Sont
de Noël Du Fail
Les
"Baliverneries"
Aussi
Mais
les "Contes des mille et une nuits",
Avant
d'incrire son nom au bas du manuscrit,
L'auteur
s'est endormi.
(Il
faut dire qu' il avait
séché
rasades
de
raki en quantité)
Non
la rue Robelin ne vaut pas le détour :
L'auteur
du plan de Rennes (1720)
A
tracé des artères
Qui
ne serpentent pas vers les jeux de l'amour,
Qui
ne débouchent pas sur un embarcadère
D'où
l'on embarquerait pour l'île de Cythère
Où
Vénus offrirait la divine lumière
De
ses feux et de ses mystères.
Non,
la rue Robelin ne vaut pas le détour
Rue
de Dinan
Le désir
d'autrefois : au café "au vieux Saint-Etienne" "on reçoit
avec provisions". Cette mention est peinte sur la vitre depuis des temps
sans doute immémoriaux, et avec une épaisseur de peinture
qui mérite une photo en gros plan. Ca donne envie de venir saucissonner
en famille ou avec des amis un dimanche. Les hommes auraient tous des gapettes,
les femmes boiraient du "gros qui tache"... Mon copain Hervé amènerait
son accordéon, moi ma guitare et mon répertoire qui va de
Fréhel à Fernandel, de la java bleue à la valse brune...
Mais la casquette pendue au porte-manteau rustique nous ramène bien
en 1999 : c'est une casquette de joueur de base-ball sur laquelle est inscrit
"Bricfa dans ma benz-benz" . Vous comprenez quelque chose, vous, au monde
moderne ?
Avant
de quitter pour quelques instants la rue de Dinan, il faut parler de l'Atelier
de Marianne. Ca ne fait pas très longtemps qu'il s'appelle comme
ça. Avant, c'était le siège du club échangiste
de Rennes. Il se nommait comme ça, entre autres, à cause
de la rue d'à côté, la rue d'Echange. Moi qui l'ai
beaucoup fréquenté à une certaine époque, je
dois vous avouer que j'y ai rencontré des drôles de timbrés.
Des chasseurs de "petit-gris" aux collectionneurs de flammes sur le retour,
des adventistes du premier jour à ceux qui en pincent pour la nouveauté,
je peux dire que j'en ai vu plein des tordus qui se faisaient péter
la charnière pour dénicher de l'introuvable, de l'émouvant,
du rare, du finement dentelé. Bonjour la surcharge ! Complètement
oblitérés les mecs. Des après-midi entières
à s'échanger des doubles rien que pour augmenter la taille
de leur collèque !
Autre
ambiance dans la rue Pierre Gourdel. La rue commence entre un pub irlandais
(the Claddagh inn) et un studio photographique [Isaure est aussi photographe
! Ses planches contacts ! Du révélateur !]. Les gens communiquent
gentiment, et drôlement, je trouve dans ce quartier ! Chez Le Devehat
Kymdyla et Cecylle Blouet, il y a un mot pour le facteur : "M. le facteur
: la boîte aux lettres se trouve dans l'entrée d'à
côté au 2 rue Pierre Gourdel. Merci." Au numéro 4,
il est écrit : "Sonnez plusieurs fois, la sonnerie est malade. Enfin,
pas trop fort..." "Quand la société me déplaît
je la change" proclame, plus loin un autocollant. La société,
oui, la sonnette, non !
C'est
le quartier du théâtre, des peintres et des sculpteurs ici
: Gourdel, Pierre, statuaire, 1824-1892. On lui doit notamment la statue
de la dame qui essaie de se souvenir du nom des roses dans la Roseraie
du Thabor mais qui a oublié qu'elle était amnésique
(les guides sérieux, celui de M. Nourry par exemple, la présentent
comme étant "la Pensée").
Maison du Plaisir (rue Pierre Gourdel). Cet établissement, tenu par monsieur Coton et madame Tiges (c'est ce qui est réellement écrit sur la boîte aux lettres !) est réservé aux couples qui éprouvent un orgasme rien qu'en se faisant des bisous sur (ou derrière) le lobe de l'oreille |
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En passant par ici, on laisse de côté la rue de la Quintaine : il s'agit d'un jeu médiéval du genre tournoi à cheval avec des chaudes lances dans une chaude lice.
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On pénètrera dans cette rue en empruntant l'escalier qui prend naissance à côté du Carpe diem, boulevard de Chézy. Carpe diem, "mets à profit le jour présent" : mots d'Horace qui rappellent que la vie est courte et qu'il faut se hâter d'en jouir. |
Quand
vous êtes dans l'escalier, il faut prévenir vos compagnons
ou compagnes de route que vous les emmenez dans un endroit magique. En
effet, en haut de l'escalier se trouve ni plus ni moins que l'entrée
du Paradis.
En haut
de l'escalier, la première boutique à notre droite est très
jolie. Elle est peinte en bleu ciel et bleu foncé avec des petits
liserés blancs. La poignée de la porte d'entrée est
torsadée, à l'ancienne. Le décorateur a poussé
le vice et l'amour du bleu jusqu'à peindre sur la vitre elle
même un grand rectangle de cette couleur. Sans doute est-il un émule
d'Yves Klein ? Sur la porte, une espèce de vitrail représente
un paysage hivernal : village aux toits couverts de neige, sapin au premier
plan, boîte aux lettres à l'ancienne et dans la nuit, - serait-ce
déjà
Noël
? - une étoile filante suit sa course au milieu des flocons qui
tombent. A côté, deux photos de filles nues. Des publicités
pour 3615 Caprice et 3615 OKJV. Au-dessus une enseigne "Aux portes du Paradis"
et une autre enseigne marquée "sex-shop".
Le voisinage
du sex-shop et du siège du syndicat F.O. pourrait prêter à
rire. D'autant que deux autocollants dans les parages militent l'un pour
le "Festival des résistances", l'autre pour "la même réponse
syndicale contre les licenciements : à la Bastille le 21 septembre
avec F.O. !". La rue d'Echange s'est peut-être appelée, jadis,
rue des sans-culottes ?
Il y
a un petit recoin tranquille, devant la maison du docteur Primault où
il se passe peut-être des choses la nuit. D'autant que l'entrée
du cabinet médical est située boulevard de Chézy.
Mais en face, le numéro 42 de la rue est à louer. Peut-être
bien qu'il n'y a rien à voir dans le coin et que le locataire précédent,
déçu de l'absence de spectacle est parti vivre ailleurs.
C'est difficile, comme métier, voyeur. On a peu de satisfactions.
On laissera
de côté pour un temps ou même pour toujours la rue Michel
Le Nobletz, prédicateur et missionnaire (1577-1652) dont tout le
monde a oublié aujourd'hui la position courageuse qu'il avait prise
dans la querelle des anciens et des modernes.
Cette rue, c'est un peu la Belgique. Sur le trottoir de gauche, avec les cloches du dimanche matin en fond sonore, on se croirait à Gand, ou à Bruges, dans une rue perdue. Pas un chat, pas un pavé, mais un autocollant bilingue : "top is te veel : 300 milliards de taxes par an" en dessous d'un drapeau belge (noir jaune rouge) ou le jaune est remplacé par un citron à roulettes. Une association d'automobilistes belges à Rennes ! Et pour parfaire le tout, à l'angle de la rue de Dinan (Dinant, près de Namur ?) le bar le Nozdei (avec un z, comme dans waterzooï) affiche sur sa vitrine une publicité pour la bière de Leffe. |
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[Je les
imagine bien, Théodore et Isaure, échappés aux parents,
venant s'asseoir ici dans le square Claude Ligot devant l'église
Saint-Etienne devenue, depuis, le Théâtre du vieux Saint-Etienne.
Il y a les bancs, il y a le muret devant le carré de pelouse, il
y a l'ombre des tilleuls, celle des jeunes filles en fleur, mais non, ce
n'est pas une ombre, c'est un soleil, elles nous illuminent et nous en
devenons radieux plus qu'ombrageux... Quel magnifique endroit pour un théâtre
! Quel magnifique théâtre pour des amours. Mais que penser
de l'espace réservé aux chiens juste à côté
? Nous incite-t-il à fredonner la chanson (heureusement ? malheureusement
?) fort oubliée : "Dites-moi, ma mère, dites-moi ma mère
pourquoi les chiens dans la rue se montent dessus ?". On peut penser aussi
au chien qui suivit paraît-il, l'enterrement de Mozart. Et au statut
des comédiens, longtemps excommuniés, longtemps interdits
de cimetière.
Ici, dans ce lieu là, il faudrait un long texte à déclamer devant cette église-théâtre. Un long dialogue entre Isaure "le désir est d'abord un regard" et en regard son Théodore avec ses "mots-délire pour la conversation". Il faudrait raconter leur mariage imaginaire, comment ils investissent de leur folie le bâtiment entier, comment ils bâtissent ce théâtre avec des mots et des images. L'homme poète, la femme photographe, et le théâtre pour les joindre. |
L'église est pavoisée d'herbes sauvages grimpées sur le corps du clocher. Mais le cérémonial d'Isaure et Théodore ne les mènera pas, ni notre groupe non plus, derrière la vieille église. Sur les bancs et sur les portes, des tags et graffiti d'une rare obscénité ont fleuri. Difficile de se régaler avec des crudités.
Pourtant, "Ange la pute", sur une porte d'église, il y a quelque chose. Ca se donne encore, comme prénom, Ange ?]
Dans la rue de la Monnaie, on peut aussi choisir Dany-Boutic : "Mariages, cortèges, cocktail, danse de salon". Finalement, je pense que je vais prendre "cocktail danse de salon". C'est moins dangereux, ça engage moins.
Parcours des animaux : dans la rue de la Monnaie, ajoutons dans notre escarcelle la blanche hermine qui est à l'entrée du bar "l'Escarcelle".
Nous sommes
revenus dans des rues chaudes : "X voyages", par exemple, propose la Thaïlande
comme destination !
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