LES POEMES DE THEODORE CHASSERIAU
27. Parcours gréco-romain
 
 
Dans le jardin des Hespérides allé cueillir des pommes d'or 
Le héros a pondu une histoire à la noix 
Et la poule aux œufs d'or de ses douze faits d'armes 
Aujourd'hui ne fait plus recette 

Pas de rue Héraclès à Rennes, 
Pas d'avenue Jason, 
Plus d'internautes que d'Argonautes 
Et sous les grands pins du Thabor 
En guise de trésor, 
En fait de pommes d'or 
On ne trouve que pommes de pin, 
La peau, des nèfles, du lupin 
 

 
 
Pourtant, au fil des rues de Rennes, 
Sur les traces d'Isaure, 
En épicurien d'Epidaure, 
Je relève quelques stations intéressantes : 
Un restaurant Ulysse,  
Un magasin d'habits de danse à l'enseigne de Terpsichore, 
Un pharaon, 
Des mascarons portant Minerve 
Et des traces de Diane 
Et, sur la place de Bretagne, 
Des statues de Vénus, 
Des stations chez Bacchus  
Pour le goût du théâtre et le café en plus. 
Virgile a-t-il deux francs sur lui 
Pour bucalmer ses bucoliques
Dans les nouvelles vespasiennes ?
 
Et puis, carré ou pas, du menton, des épaules, 
Il y a Hermès partout, 
Chez Valton, rue d'Antrain, 
Chez Théodore Chassériau au trente-huit. 

Parcours de mythes 
Mangés aux mites, 
Aphrodite maudite 
Et Pallas vraiment lasse. 

 
La fièvre monte et le mercure bientôt explose. 
Mon imagination regagne sa Clio 
Tourne la clé, part au hasard, 
Suit le fil rouge. 

Chut ! Thésée-vous ! Ariane à voir ! Circéculez ! 
Au bout du labyrinthe 
Que voulez-vous trouver 
Sinon un minotaure 
Momifié ? 

 
Et quand on le regarde bien  
Son museau est une pomme de pin,  
Ses yeux deux coquilles de noix  
Et ses cornes sont faites d'un bracelet scié.  

Toute une religion est à réinventer  
Et toutes nos histoires sont une toison d'or  
Qu'inlassablement Pénélope tisse  
Et dont la nuit les Parques viennent couper les fils. 

Illustration de Andrea Arroyo