LES POEMES DE THEODORE CHASSERIAU
28. Place de l'Espoir, place à l'espoir !
 
  
De la boîte à punaises 
Les notes se décrochent, 
Prennent la clé des champs, 
S’en vont, hors de portée 
Des voies toutes tracées 

Du piano à bretelles 
Sort un nuage bleu 
En pantalon trop large, 
Un air de tarentelle, 
Une chanson de barge 

Et les marins du bord 
Commencent à chanter. 
Ils déposent les rames 
Et le métro s’arrête 
Et le vent s’y engouffre

  
   
Tant qu’il y aura des hommes 
Et tant que chantera 
Dans un coin de métro, 
Sous un kiosque à musique, 
Sur l’estrade d’un bal 

Ou sur une gondole,  
Dans un jardin public  
Ou au coin d’une rue, 
Un humble accordéon, 
Rien ne sera perdu 

Et l’espoir pourra vivre 
Sur trois temps d’une valse, 
Au hasard du chemin, 
Au bonheur des rencontres 

Ou dans la nuit de juin, 
De musique et d’eau fraiche, 
De lune et de jasmin, 
De rêve, de gaieté. 

Et il traversera 
Avec des ailes aux pieds 
Le passage clouté 
De la modernité