LES PETITS PLAISIRS RENNAIS
5. Un dimanche au Thabor : notations prosaïques
 
 
Papy, short et chaussettes et casquette de golfeur. Il marche.

Gardiens, chemisette verte, jean délavé avec portable.

Adolescente, jouant à cache-cache. S'appuie contre l'arbre, compte, puis court et cherche.

Papy, short et chaussettes et casquette de golfeur. C'est le même. Il court, soulevant derrière lui un nuage de poussière. Il sort du parc et ne se remet à marcher qu'une fois franchie la grille qui donne sur la rue de Palestine.

Le premier chien tire la langue. Il meurt de soif.
 
A côté de l'Enfer - un long terrain en pente où les chiens peuvent courir - il y a un petit escalier dans la haie. On pourrait croire qu'il mène, du coup, au Paradis. Mais je ne suis pas certain que ce soit là l'entrée : je vois plein de gens redescendre. Ou alors c'est qu'on nous aurait menti à l'insu de notre plein gré quant aux côtés agréables de ce lieu. 

3 adultes assis au café : le père, la mère, le fils. La mère a commandé une paille avec sa boisson. C'est elle qui est restée la plus proche de l'enfance. 

Une jeune fille décolletée, en jupe effrangée. Si je n'avais, ce jour, une mission à remplir, je lui emboîterais bien le pas, discrètement, jusque chez elle. C'est ce que Joël Henry appelle '"la promenade privée". Vous suivez quelqu'un à distance, comme fait un détective privé.

 
Le premier landau, à 15 heures : bébé est bien à l'ombre et porte un bonnet sur la tête.

Le deuxième chien, sa maîtresse le porte dans ses bras.

Le troisième chien tire la langue et tire la laisse

Non, le manège n'est pas ouvert. Le petit garçon soulève la toile. Peut-être tourne-t-il quand même, à l'intérieur et dans le noir, sans bruit ? Il vérifie. Les garçons croient toujours à l'impossible. Non, il ne veut pas aller d'abord aux jeux pour revenir ensuite quand ce sera ouvert. Les petites filles, elles, pour attendre, s'assoient tranquillement sur le banc. Elles savent déjà comment le monde marche.

La première béquille monte l'escalier du Paradis.
 
A la terrasse du bar, une autre dame avec une paille dans son Perrier. Moi aussi je suis resté près de l'enfance, mais maintenant je bois de la bière. Demander une paille, ça ferait bizarre. 

Le quatrième chien est un caniche noir. Son papy mange une glace. 

Les deux premiers cyclotouristes ont un tee-shirt blanc éclatant de propreté. Elle arbore Cap Armor et lui Brest 96. Quatre ans après, il rentre encore dans son tee-shirt. C'est bien, à cet âge là, ça ne grossit pas. Enfin, pas autant que moi. 
 

 
Une dame redescend du Paradis. Elle tient des clés à la main. Qui a -t-elle enfermé ? Un ange ?

Le premier sac en peau de vache folle pend à l'épaule d'une beauté grecque, robe fendue, coiffure de déesse.

15 heures 15. Allez Zébulon ! Tournicoti, tournicoton ! C'est l'ouverture des portes au manège enchanté !
 
L'ombre a mangé la place, établissant un pont jusqu'à la terrasse du bar. Le soleil s'est déplacé et pourtant c'est la Terre qui… Et pourtant elle  
tourne ! 

Sur l'escalier du Paradis, un type en blanc, debout, immobile à attendre. Ca fait bien trois minute qu'il est là. Sans le savoir, il est en train d'inventer le purgatoire. 
 
 

 
 
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