La maison de M. Guyet fut une des plus agréables de Paris. Le maître
riche aimait à recevoir les artiste, les gens de lettres et les
gens du monde qui avaient le goût des lettres et des arts, dans son
hôtel de Paris, rue d'Anjou, en face de l'hôtel d'Aligre. On
joua plusieurs fois la comédie mais c'est surtout quand il eut acheté
sa maison de Marly que ce plaisir prit de plus grands développements.
La troupe s'y composa de MM. Guyet-Desfontaines, Melesville, Amaury Duval,
Edouard Bertin, Anatole Jal (2) et Van der Vliet, de
Mme la baronne Dupuytren, de Mme Van der Vliet, fille de M. Melesville
et de Mme de Brayer, fille du premier mariage de Mme Guyet-Desfontaines.
La troupe ordinaire y joua "l'Ours et le Pacha", le Suisse Malade" proverbe de Carmontelle, "le caporal et le page", "la Soeur de Jocrisse", "la .Meunière de Marly", "l'Omelette fantastique", "la Rue de la Lune", "le Mari de la Dame des chœurs", "les Gants jaunes", "le Mariage de raison", "le Chevalier du guet". |
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La belle, jeune et bonne comtesse de Fitz-James qui mourut à Marly des suites d'une horrible brûlure qui lui dépouilla les épaules tenait ordinairement le piano. La recette fut encore fructueuse (3).
"M. Jal avait dans sa troupe de Marly le triple emploi de souffleur, de régisseur de la scène et de régisseur parlant au public. C'est ainsi que chaque représentation fut précédée d'un prologue en vers qui peut faire connaître M. Jal sous un jour nouveau et tout à fait inédit, non poète, il n'avait pas cette prétention, mais versificateur fin et spirituel."
Ces lignes sont empruntées aux manuscrits de la Bibliothèque
Nationale (n.a.9503). Elles figurent dans des papiers concernant la marine,
et pour ce document, provenant d'Augustin Jal, l'auteur du "Glossaire nautique".
Etaient-elles destinées à l'impression ? C'est probable,
mais si elles ont été publiées, comment les retrouver
dans les nombreux recueils auxquels Jal a collaboré ? Ce qui prouve
qu'elles devaient être éditées c'est qu'elles se terminent
par cet appendice : « On pourrait mettre ici
les deux prologues imprimés dans une petite brochure - -annexée
au document - celui du 15 août 1849 et celui de la représentation
de Rachel. Parmi les poésies, permettez-moi de vous signaler, s'il
y a place, le Prologue de la représentation des crèches à
Saint-Germain, commençant par "Allons, paix ! Taisons nous, monsieur,
c'est la consigne". J'ai marqué les autres pièces qui m'ont
paru les meilleures dans des genres différents."
Jal a-t-il rédigé notre document ? Il semble bien fort qu'il
ait pu s'appeler "versificateur fin et spirituel". Peut-être est-ce
une phrase aimable ajoutée par un des artistes de la troupe mondaine.
Dans tous les cas il l'a eu sous les yeux, car il ajoute : "J'eus
souvent bien chaud dans mon trou ; j'eus quelquefois de sérieuses
difficultés pour la mise en scène. Je parlai presque toujours
au public avant la représentation". Il n'a, dit-il, conservé
que quatre de ces discours : c'est un souvenir précieux de ces fêtes
charmantes.
Nous ne parlons pas des représentations données rue d'Anjou (4) mais seulement de celles qui eurent lieu à Marly. |
N.B. Des habitants de Paris ou pourraient-ils nous dire si l'hôtel d'Aligre est bien situé au 4 de la rue d'Anjou ou à un autre niveau de la rue ? |
Le 16 août 1851, toujours à l'occasion de la Sainte-Marie,
il y eut spectacle. "Celui-ci avait été
arrangé sans les soins du régisseur qui était alors
en Hollande et qui se hâta de revenir pour se trouver à son
poste". Le bon Jal devait se croire indispensable.
Deux de ses prologues ont été imprimés. L'un fut débité
avant une représentation donnée à Saint-Germain au
profit des crèches ; l'autre à l'inauguration du théâtre
de Marly. La pièce a 108 vers. La finesse et l'esprit, s'il y en
a eu, se sont évaporés. Nous ne citerons que ce passage :
Marly,
c'est le pays du bonheur et des fêtes ;
C'est le charmant séjour de la paix et des ris… Il a gardé le goût des plus nobles plaisirs… Aussi naguère a-t-il vu Melpomène Chercher tes ombrages touffus Pour démêler les sentiments confus Du cœur jaloux de la fille d'Hélène… Aussi voit-il sous ses grands arbres verts Venir se reposer Thalie… |
Melpomène, c'était Rachel qui eut un cottage à Marly
et Thalie Mme Anaïs qui avait une maison de campagne à Louveciennes.
Gabriel Vauthier
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