CHAPITRE VI : PETITS PORTRAITS DE RENNES EN FETE
9. La maison de Dagobert
 
  
        Plus je montre cette photo aux gens que je connais et moins il y a de monde à remarquer l'anomalie. 

- Ben quoi ? Qu'est-ce qu'il y a de drôle ? Qu'est-ce qu'elle a cette porte ? Tu photographies n'importe quoi, en ce moment, toi ! C'est le 34 bis qui a attiré ton regard ? 

         Du coup ça devient difficile de leur parler de M. Dagobert. M. Dagobert mélange tout, ou plutôt il a des notions très confuses de la réalité. Il ne connaît pas le mot rangement et chez lui c'est comme chez Alfred Jarry, tout est un peu sens dessus dessous, en vrac, en bordel, en bazar. Dès lors, ça n'est pas étonnant si sur sa porte, au 34 bis de la rue Saint-Louis, à Rennes, le bouquet de fleurs a été posé à l'envers par un forgeron qui avait trop arrosé la Saint-Eloi.

 
         Bien sûr, monsieur Dagobert n'existe pas. Mais la personne qui habite réellement cette maison… Cette personne est encore plus givrée que monsieur Dagobert. Elle s'appelle Mme Gummibärchen. Elle est femme de ménage et cantatrice. On pourrait croire, à la voir, qu'elle s'est fait une spécialité d'interpréter Wagner en poussant son chariot, ses plumeaux et son ramasse-bourrier dans les couloirs de l'hôtel des Lices qui est à deux pas. Mais non. C'est une Mozartienne pur jus. Je devrais dire pur beurre d'ailleurs à cause du croissant qu'elle arbore au-dessus de son bandeau. 
 
 
 
        Là où madame Gummibärchen devient vraiment renversante, ce n'est pas quand elle pousse les "A a a a a  a-a-a-a  a-a-a  a" de la Reine de la Nuit (Mme Nächtigekönigin), c'est quand elle plonge dans le public et que, mue par un formidable réflexe conditionné dû à la déformation professionnelle, elle entreprend de nettoyer les lunettes des spectateurs. 

 Monsieur Dagobert, avec sa culotte à l'envers… Quand vient l'heure de "La Flûte en chantier"… Monsieur Dagobert, c'est de la petite bière !  
 
 

 
 
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