CHAPITRE VI, PETITS PORTRAITS DE RENNES EN FETE
6, Je t'envoie un (e) mail enflammé !
 

Marie de Rabutin
1789, avenue de la Liberté
35500 VITRE

                                             Florent Fouillemerde
                                             Agence Fiat Panda
                                             4, rue des Petits-Champs
                                             35000 RENNES

                     Vitré le 9 janvier 2000
 
              Mon Cher Florent

         Je ris encore de ta mésaventure d'enfermement dans la tour des Horizons. Heureusement qu'après m'avoir envoyé ton long message électronique tu t'es souvenu que tu avais aussi par-devers toi le numéro de mon portable ! Ca tombait bougrement bien : j'étais justement à Rennes ce soir-là, à deux pas, sur le Mail François Mitterrand, que personne n'appelle autrement que "le Mail", à l'occasion des festivités du passage à l'an 2000 auxquelles, du coup, nous avons assisté ensemble.

        Comme promis alors, je t'envoie les meilleures des photos que j'ai prises. Je suis un peu déçue, non pas du résultat, mais des incidents de parcours. Ces quelques photos sont les rescapées de deux pellicules de 36 poses. Mais bon. Faire des photos la nuit, sans pied, sans flash hyper-puissant, en 200 ASA, c'était un pari à haut risque.

        Dans le petit album que je t'ai concocté, tu pourras admirer :
- les comédiens de la Compagnie Tuchenn suspendus aux grues de lumière.
- les musiciens de Jack O'Lanterne
- ceux d'un autre groupe plus "cuivré" dont j'ignore le nom. Si quelqu'un pouvait me l'indiquer, j'aimerais bien pouvoir mettre une légende sous ces photos (j'adore les légendes).
(il s'agit du groupe Ouf la puce !)
- un autre groupe de musique celtique
- des photos du groupe de percussion Obatala
- la photo du temps suspendu : le moment "00" du bogue de l'an 2000
- le Lulu Jazz band
- le Mail enflammé
 
 
 

        Et il y avait plein de groupes que nous n'avons pas pu voir. Il était difficile de circuler parmi la foule et les braseros sur la fin.

        A part ça j'espère que monsieur Mirliton, le beau Jean-Eudes, est rétabli. Es-tu retourné le voir depuis que nous avons téléphoné à SOS Médecins ?

        J'ai repensé aussi à ton histoire de tableau disparu. Je ne crois pas pour ma part à l'hypothèse d'un cambriolage réel. Je vois plutôt Isaure sortir de son tableau pour assumer une vengeance. Un peu comme dans "le sixième sens", une histoire de fantôme qui revient accomplir ce qu'il n'avait pu achever dans sa vie. Ou bien un peu comme dans ces histoires où les revenants vous tirent les pieds la nuit pour vous punir.

        Isaure serait pour moi "La" vengeresse rennaise. Elle lirait par exemple dans "l'Avènement du Jedi" une interview d'un type qui déclarerait :
"Il n'y a pas de bagnoles cramées ici et je le regrette un peu : ça mettrait de l'animation". Paf ! Le lendemain matin le type retrouve sa bagnole carbonisée devant chez lui !

        Le journaliste écrirait "L'extraordinaire engouement suscité par Travelling confirme cependant que, le reste de l'année, Rennes est un désert cinématographique", aussitôt une armée de korrigans et de fées de grèves se chargerait de ramasser tous les tickets de cinéma du Gaumont, du Colombier, de l'Arvor, du TNB et du Tambour et les ferait pleuvoir en une pluie continue au-dessus de la tête du journaleux, et ce, ad vitam éternam !

        Tu vois ce que je veux dire ?

        D'autant plus que ces gens n'ont rien compris. Quand ils ajoutent "cette ville manque de métissage, elle est trop tranquille", ils se trompent : à Rennes ce qui manque, ce n'est pas du métissage, c'est... de l'opérette !

        Allez je vais te laisser. Au fait, j'ai trouvé ce que tu peux m'offrir en échange de mon acte de libération : "L'Avènement du Jedi" signale la parution d'un "Guide de la ville invisible" consacré à Rennes, fait par le Théâtre de l'Arpenteur et publié aux Editions Terre de Brume. Je ne sais pas pourquoi, mais je sens que ce serait intéressant que tu me l'offres. Sans vouloir te forcer la main, évidemment.

        Bonne année à Fiat Panda, à Dupondet et Dupontet et à madame Lapsi.

        Bisous. A bientôt

                                            Marie
 
 
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