Père de famille, croyez-moi, c'est un boulot qui n'est pas facile.

        Samedi dernier, mon fils a voulu aller au fest-noz de Skeudenn Bro Roazhon, Yaouank 99, au Liberté. Le bonhomme a beau être aussi grand que moi, il n'a quand même que treize ans. Le laisser sortir tout seul le samedi soir dans Rennes n'est pas dans nos habitudes. Par ailleurs, j'ai horreur de garer ma Jaguar sur le bord du trottoir du boulevard le samedi soir (c'est pas vrai, j'ai pas de Jaguar. Juste un vélo qu'un galopin mal éduqué me pique à peu près une fois par an, comme à tous les cyclistes rennais).

        Du coup, je me suis dévoué pour l'accompagner ; je lui ai donné rendez-vous devant le Liberté à 18 h 30. En échange il m'a offert un billet d'entrée à la "teuf" car son prof de musique lui en avait refilé deux gratos. Evidemment, j'ai laissé passer l'heure et je me suis pointé en retard, à 19 h 30 au Liberté. C'est là que c'est devenu drôle. A l'entrée, j'ai tendu mon billet au cerbère chargé de les séparer en deux. Il a regardé le billet, m'a regardé et il m'a lancé, de façon fort agressive :
- Vous avez quel âge ?
- C'est mon fils qui me l'a donné, ai-je répondu. Ca ne marche pas ?
- Non, ça ne marche pas. Y'a une billetterie derrière vous si vous voulez entrer.
 

        Juste deux commentaires, l'un très réjouissant, l'autre moins :

1) S'il m'a demandé mon âge, c'est qu'il y avait au moins un doute, une possibilité pour que j'aie l'âge d'un lycéen ? Si oui, ça veut dire que je ne fais pas encore trop "vieux croûton" malgré mon dur travail (père de famille).

2) S'il a imaginé qu'avec une bouille pareille à la mienne on pouvait encore traîner ses guêtres dans un lycée, ça veut dire qu'avec la scolarité obligatoire jusque seize ans et avec la taille gigantesque des ados d'aujourd'hui, il doit traîner une drôle de faune dans les collèges et les lycées de France et de Navarre !

        Bref, je suis allé m'acheter un billet normal, à trente balles, je suis revenu à l'entrée, le cerbère ne m'a plus rien dit, mais son copain derrière m'a fouillé ! Comme si j'avais une tête à trimballer un flingue ou un cocktail molotov par-devers moi ! Eh, oh, les gars, vous trouvez que j'ai une tête de gauchiste en plus ?
 

        J'ai fini par aller m'installer sagement sur mon banc, comme un petit vieux. Un petit moment après j'ai été rejoint là par Gilles Servat en personne, venu prendre la température de la salle avant de monter sur scène. J'ai trouvé qu'il avait une tête à passer le bac cette année,
lui !

        Et puis les lumières se sont éteintes, j'ai écouté les Trompettes du Mozambique (les tropiques du mot "z'embête" !), E.V. puis Gilles Servat qui n'a chanté que deux ou trois chansons au sein du bagad de Ronsed Mor.

        Plus tard, quand toutes les petites jeunesses sont allées se tenir par le petit doigt pour taper du pied, sauter en rond (et agiter leurs jolis petits seins) comme des grenouilles dans un ruisseau, je me suis levé et je suis rentré chez moi. Tous ces gens qui tapent du pied sur l'"aire à batt'" alors qu'il n'y a plus rien à battre, je crois que je ne comprendrai jamais !

        Le gamin, lui, est rentré à la maison une heure après moi, sur le coup de minuit. C'est une mère de famille (un boulot qui n'est pas facile non plus), la maman d'un de ses copains, qui l'a ramené en voiture.

        Depuis ce jour là, lui et moi, on n'arrête pas d'écouter la cassette d'EV live qu'il a achetée là-bas. Elle est très bien. Je ne sais pas comment on dit "vive la jeunesse" en breton, mais en tout cas, c'était bien, Yaouank 99. Ca m'a rajeuni.
 
 
 
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