CHAPITRE III :  NOTES DE PARCOURS DE P'TIT LOUIS.
            8. Le circuit des écrivains
 

Objectif : rue Guillaume Lejean

Il biche, Guillaume Lejean. Pour un peu, il remonterait ses chaussettes, bomberait le torse et poserait, l'allure martiale, pour le photographe du dimanche.

Dans la rue qui porte son nom à Rennes, cela sent un peu la campagne. Les explorateurs, on aime bien qu'ils battent autour du buisson, pas dans le marigot du CAC 40, du canal de Panama ou des stock options de Philippe J.

C'est sans doute pour cela que sa rue est située tout au bout du boulevard de Sévigné.

Pour m'y rendre, ce dimanche, je me suis pris par la peau des dents, à cause d'un gros temps menaçant de pluie. Mais bon, il fallait en plus que j'y porte une lettre, rue Guillaume Lejean.

Rue de Brest

J'ai laissé en chemin l'affiche de Télé Star au bar de l'Amirauté. Janet Gunn, l'héroïne des "Dessous de Palm Beach", y parlait d'amour en ces termes : "Avant de trouver le prince charmant, il faut embrasser plusieurs grenouilles". Les Américains m'étonneront toujours, et les Américaines encore plus.

54, rue de la Bascule, on est là aussi en dehors du bois. Dans cette rue tranquille les fleurs sont en fer forgé blanc et les feuilles ont une couleur vert pistache qui fait regretter qu'elles ne soient pas plutôt en pain azyme ou pâte d'amande.

Rue de la Petite touche, j'ai pêché deux conseils :

- au n° 6 tout d'abord : "Fermer la porte d'entrée et ne pas la claquer. Merci"
- quant au n° 1, sur la vieille boîte à lettres rouillée encastrée dans le mur, on trouve deux beaux autocollants tout neufs : "Pas de journaux" " Pas de publicité". Et peut-être, tant qu'à faire, pas de lettre non plus ?
 
Bien plus loin, rue Lesage, on entre dans le vif du sujet. J'y ai croisé, au numéro 1, la sainte patronne des petites lectrices : une vierge couleur de rouille accompagne et protège une petite fille qui est en train de lire "Le Club des cinq contre-attaque". La bibliothèque municipale n'est pas très loin d'ici, rue de la Borderie. Ce circuit est bien celui des écrivains. 
 
Pourtant, je n'ai rien vu, rue George Sand, qu'un graffiti "Reviens Tito, ils sont tous devenus fous" et au n° 13 une villa d'Asti, autre trace d'Italie à Rennes, Le jardin semble très joli : aurait-il permis à George et Alfred de mieux peaufiner leur histoire d'amour qu'à l'hôtel Danieli "dans Venise la rouge" ? J'en doute. J'irai la prochaine fois dans la rue de Musset. 

J'ai atterri dans la rue Jean Guéhenno, vu une autre grande vierge au-dessus du tapissier. Elle, c'est "Sainte Protectrice des droits de l'auteur". A cause du tapissier dessous et du dialogue bien connu entre Bernard P. et Christine A. :
- Qu'est-ce que ça vous a rapporté de publier votre livre chez cet éditeur là ?"
- Des clous, il m'a refusé mon manuscrit !"
 
Avec les clous de son dernier roman, elle pourra peut-être s'acheter la jolie DS crème et rouge qui est à vendre, en dessous du drapeau suédois, à l'entrée de la rue de la Croix-carrée ? 
 
 
J'ai décidé de revenir plus tard au Sablier. Il y a certainement plein de choses à faire dans ce café. 
Partir à la recherche du temps perdu, par exemple ! 
 
 
Avant que ne tombe l'averse, je tire la jambe du photographe et m'engouffre dans l'inconnu : la rue Anatole Le Braz, avec un joli heurtoir doré au n° 2. 
Au n° 16, la villa "Les Chênes" fait très 1900 dans les Pyrénées atlantiques. Je dis ça comme ça, juste histoire de dire. Je n'ai jamais mis les pieds dans les Pyrénées atlantiques.

Ce parcours des voies de traverse situées le long du boulevard de Sévigné m'amène rue Baudelaire. Rue des mystères Baudelaire, rue du mystère Baudelaire, devrait on l'appeler : la spirale infernale des "Fleurs du mal". Il faudra revenir là-dessus aussi. 
 

Je n'ai pas vu un chat rue La Fontaine. Les animaux sont malades de la peste ou quoi ce dimanche ?

Enfin me voilà devant Sainte Jeanne d'Arc. Les feuilles des arbres commencent à rougir. Il y aura là bientôt une fort jolie photo à faire.
 


Il biche Guillaume Lejean. C'est lui qui nous parraine, lui l'explorateur méconnu. Il voit bien que la relève est assurée. Depuis le début de l'année nous sommes plus d'une quarantaine qui explorons la ville, comme lui explorant le monde. Est-elle un décor de théâtre ? Cherchons nous l'invisible dans ses coulisses ? L'éphémère dans ses chimères ?

Seuls les oiseaux le savent. Ceux de la villa "Les Chênes" dans leur langage mélodieux, m'ont appelé par mon nouveau nom : "L'arpenteur".
 

 
 
 
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