Dans les dernières
années de sa vie, Charles Cros fréquente le cabaret "Le Chat
Noir" et collabore à la revue du même nom. Il se lie avec
Alphonse Allais et fréquente les "Hydropathes". Il commence en 1876
à écrire des monologues pour le comédien Coquelin
cadet. Il s'agit là d'un renouvellement complet du genre.
"Grâce à ses étonnants
"monologues", Charles Cros s'est taillé une place qui n'appartient
qu'à lui et que personne n'a songé à lui contester.
C'est peut-être dans ces monologues que le modernisme de Charles
Cros éclate avec le plus d'évidence. Cependant, là
encore, on peut découvrir au-delà du tumulte des mots une
ombre incertaine d'inquiétude et de désespoir. Alphonse Allais
parlait de "ces monologues insensés, ces contes que Cros sait écrire
et que Coquelin cadet seul sait dire". Ils constituent à n'en pas
douter les pages les plus surprenantes de l'humour fin de siècle.
Il faut se garder de les croire en avance sur leur temps : récitées
gravement par Coquelin Cadet, elles déchaînaient le rire au
"Chat Noir". Pourtant, elles conservent, maintenant encore, un aspect d'avant-garde."
"On saisit bien là un caractère du monologue : c'est une machine infernale, la suprême trouvaille d'un humoriste et d'un chimiste. Cela explose. Entraîné par l'inexorable de sa logique, uniformément accéléré, le monologue s'échappe à lui-même. Le héros y est lancé comme un bolide fou. Au terme de sa gesticulation, au moment où il atteint le point suprême de l'exaspération, il se désintègre. Entendons qu'il sort brusquement ou qu'on l'expulse. En tout cas, après le crescendo hallucinant, plus rien. La baudruche a crevé." |
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