Il a commencé par les « inconditionnels », oui vous savez le genre de ceux qui, quoi que dise le chef… ils approuvent, défendent, se battent même pour les idées, les ordres du chef. Ils ne claquent pas des talons, mais c’est tout comme. Ils sont là, ils entourent le « chef » guettant ses désirs… opinent de la tête de temps en temps…. sourient lorsque quelques pointes fustigent les adversaires de classe ou égratignent les concurrents.
Et puis, il y a les autres : les tièdes, les sympathisants, les indécis. A TOUS, il s’agit d’insuffler la flamme… de la victoire ! Comme aux « Jeux Olympiques » il faut gagner !
Il y a aussi la poignée de « critiques », certains regroupés, ils se connaissent, ils ont déjà mené des bagarres ensemble. Il y en a aussi quelques uns qui sont dispersés : des jeunes souvent qui « démarrent », des spontanés, peut-être se regrouperont-ils ou resteront-ils finalement des « francs-tireurs » isolés !
« Dans aucun autre parti, il n’y a le respect de la Liberté comme dans le Nôtre ».
Et voilà, Pépé reparti dans son « Vagabond’âge » : Qu’en sait-il ? Est-il allé ailleurs pour voir ?…
Pépé, lui, n’a pas appris la Politique sur les «bancs
» de l’Université !
Il n’avait
pas 18 ans qu’il allait au charbon ! Ca a commencé ainsi ; sorti
de l’école avec la même formation, les mêmes diplômes
que ses copains, qui avaient parfois 2 ans ½ de plus que lui. On
lui retenait 1/5ème ,oui 20 % de son salaire car il avait moins
de 18 ans. Il payait pourtant sa cantine et tout et tout le même
prix que les autres ! Alors là, ça n’allait pas, pas du tout.
Cette injustice flagrante faisait bondir Pépé.
Et oui, bien sûr, c’est comme ça qu’il a démarré dans le syndicat. De là, il n’y avait plus qu’un pas à franchir pour la politique.
Est-il allé voir ailleurs pour savoir ce qu’il s’y passe ? Oh… Pépé il en a fait des partis… même qu’il aurait peut-être mieux fait de faire des parties avec des copines !!!
Maintenant, c’est foutu ! Le bon temps est derrière. Mais Pépé en revoit des visages, associés à des luttes : contre la Guerre Française au Vietnam : « Allez leur faire croire qu’ils sont français, alors que des océans et des continents nous séparent ! »
On admire Vercingétorix qui a voulu libérer notre nation de la colonisation romaine… On a voulu se libérer de l’invasion germanique … et nous aussi on a voulu coloniser !… c’est quand même bizarre.
Pépé ne délirait pas à cet âge là… Non le délire était chez d’autres… Il y a eu la grève des mineurs, la lutte pour la paix en Afrique du Nord, puis plus longuement en Algérie… et à nouveau l’Indochine, et puis l’action contre l’Armement Atomique..
Eh bien Pépé il en a rencontré des hommes, des femmes qui luttaient pour plus de Justice dans le monde, plus de fraternité. Il a été dans plusieurs partis, suivant les opportunités, celui qui lui paraissait le plus juste, le plus adapté à ce qu’il pensait… mais, c’est quand même curieux, toujours du même côté. Oui Pépé doit être asymétrique, c’est comme pour son physique… Il a tout un côté du corps qui est mal en point., même que c’est pour ça qu’il a l’air « cintré », physiquement s’entend !… Il claudique d’un pied… et du même côté foutu… bien sûr !
Oui, il en a fait et vu des partis, toujours du même côté,
et il en est fier. Partis parfois éphémères, dont
aucun n’a eu entièrement raison, ni entièrement tort ; et
partout, il a rencontré des gens formidables, sincères, altruistes,
mais aussi partout de « superbes C…. » arrivistes, égoïstes…
Tout pour lui déplaire quoi…
Le « chef » continue son discours enflammé, il sait
parler, le chef , depuis le temps qu’il est en place ! Certains de ces
mots frappent l’esprit de Pépé en plein « vagabond
âge » : «Liberté
de parole nulle part ailleurs comme ici »…
Tu parles ! Moi, Pépé, je voudrais bien qu’on m’écoute
!
Il ne suffit pas de laisser parler, encore faudrait-il nous entendre… Et le discours continue : "Faites confiance, faites Nous confiance !" Alors là, c’est la meilleure. Pépé croit entendre ce qu’il a déjà entendu souvent et là encore des images s’imposent à son esprit… |
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Un samedi matin alors que Pépé se relaxait sur sa paillasse, il est intrigué par une odeur de papier journal brûlé et des bruits bizarres : des gémissements venant de la pièce voisine.
Pépé se lève et frappe. Il entre et voit un brave homme à l’âge indéfinissable, allongé.
Un nuage de vapeur monte au-dessus de sa poitrine nue et recouverte d’une
serviette mouillée. Il applique un fer à repasser en fonte
qu’il tient avec une poignée de journal complètement roussi
tellement le fer est chaud !!!
- Entre
mon gars et t’inquiète pas… c’est comme çà qu’on se
soignait dans les camps de la mort. » C’était l’un des rescapés
! Pépé s’en souvient toujours et y pense souvent à
cet homme. Ceux qui l’avaient envoyé dans ce sinistre camp avaient
accordé leur confiance à un horrible dictateur moustachu
! Et combien y en a-t-il qui font encore confiance en des guides pas toujours
sûrs ?
Pépé lui-même se revoit faire confiance en un guide
d’un peuple qui s’est battu chèrement pour sa liberté. Il
en avait même affiché le portrait de ce « pépère
». Comme c’était beau… et naïf !
Confiance, on demande à voir, à toucher, c’est fini ce truc
là. Pépé n’y croit plus. Il y a quand même longtemps
qu’il a appris à ses dépens à ne plus signer de chèque
en blanc. Malgré sa nature aimable, il demande des garanties.