La ville n'arrête jamais de devenir une autre ville. Les commerces
ne durent qu'un temps, les bistrots changent de nom, les gens déménagent.
Seuls restent vos souvenirs, vos émotions, votre histoire. Voilà
pourquoi ce parcours est le vôtre.
La ville invisible et visible ! Par peur d'un nouvel incendie, les pans de bois sont recouverts d'un enduit gris qui rend tout triste ; puis ils réapparaissent et font à la ville fonctionnelle, moderne, "atalantique" l'inattendu cadeau d'une parure médiévale, colorée, pleine d'ambiguïté. |
Le vieux cinéma de la rue Guillaume Lejean n'est pas un cinéma, c'est un théâtre. L'enfer n'est pas un lieu dévoré par les flammes, c'est un carré de verdure dans un grand parc magique. On entre au paradis par des portes sordides et les gens se promènent sérieusement, graves comme des papes privés de boîtes à bulles de savon, dans des rues qui incitent à la légèreté la plus totale.
Ainsi de la rue du Chapitre, Cha-pitre, Chat-pitre. Rendez vous pour le vérifier au carrefour que fait cette rue avec celle de la Psallette.
A l'auberge du Chapitre, le midi, c'est fermé, alors "les souris dansent". C'est ce qui est marqué à la craie sur l'ardoise dans la rue. Les touristes passent devant le restaurant. Voient-ils à l'étage la porte qui donne sur le vide, la sculpture qui représente Jean Gabin, pas plus signalée dans les guides de Rennes que les trois statuettes mystérieuses de la rue de la Psallette ?
Savent-ils qu'Arlequin loge à la villa d'Este ?
Et vous, dans cette rue enjouée, dans cette rue à jouer, saurez vous trouver le point G de la ville de Rennes ? Si vous ne trouvez pas, vous avez le droit de vous aider de la photo ci-contre. Retournez votre écran d'ordinateur pour avoir la solution. |
Quelque part dans la rue habitent les éternels amoureux de Peynet. Elle a mis son cœur sur la porte, autour de la serrure. S'il devenait aveugle un jour ou plus prosaïquement s'il rentrait complètement bourré un samedi soir d'après la noce rue Saint-Michel, il retrouverait au toucher la maison de sa douce amie. |
Dans cette rue du cinéma, de quel film vous souviendrez vous ? De
"Peau d'âne" qu'on vous lut sans doute quand vous étiez petit,
que vous vîtes peut-être une fois devenu grand ? La boutique
est toujours là mais Catherine Deneuve n'y est pas. Pas plus qu'à
"Belle de jour" d'ailleurs, mais bon, rien ne vous empêche de penser
à cette photo du film où l'on voit madame D. les mains attachées.
Monsieur Bunuel vous manque-t-il aujourd'hui ? Trouvez-vous plus votre
compte à "Talons aiguilles" chez monsieur Almodovar ?
Dans la cour de l'hôtel de Blossac, la grande tenture colorée a disparu. On ne vend plus ni thé à la menthe ni pâtisseries orientales ici. Les affiches de films égyptiens des années cinquante ne sont plus là, les musiciens berbères sont allés jouer ailleurs. La façon dont Rennes se transforme est affolante. Un jour de juillet la fête s'installe, le monde entier vient nous donner de ses nouvelles, girafes de Nantes, musiciens d'Afrique, cosmonautes guyanais, échassiers téléphonistes, mannekenpis vivants et blagueurs du Maghreb, et puis, quelques temps après, plus rien. |
Saurez vous voir la vierge mauresque ? Elle se cache derrière un voile de vitre grise mais sa petite maison est en bois blanc avec de jolis motifs orientaux. Si vous arrivez à voir son visage, dites nous : est-elle bienveillante envers les mécréants ? |
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Dans la galerie de peinture, choisissez un tableau représentant un paysage et entrez dedans. Tel qu'on vous connaît, vous ne manquerez pas d'entamer une conversation avec les autochtones. En ressortant, croquez les fruits de la nature morte. Vous avez le droit de regarder les femmes dénudées mais il est interdit de les toucher : c'est pas sec. Essayez de vous noyer dans le bleu d'un tableau abstrait : c'est un exercice très difficile pour les "véritables Rennais qui ont tous appris à nager à la piscine Saint-Georges". |
Dans la ville invisible on trouvait autrefois dans la rue du Chat-pitre l'enseigne du Coq en pâte. Personne n'a jamais pu clairement expliquer sa disparition. Voilà un animal qui était logé, nourri, blanchi, qui était honoré, qui avait pignon sur rue, que tout le monde respectait pour son travail de starter de jour à la mairie de Rennes, qui avait une femme charmante, des enfants admirables - l'aîné s'appelait Nicolas, je crois, c'était vraiment un poussin charmant, tout le portrait de son père -. Et voilà-t-il pas que notre bon M. Coquenpâte est tombé amoureux d'une cocotte ! En une minute, tout était joué, pesé, emballé. Il a emporté toutes les économies du ménage et comme c'était une poule coucou ils sont allés s'installer en Suisse. Il paraît que sa nouvelle maîtresse lui mène la vie dure. Elle l'a mis au régime sec. Encore un qui va finit par regretter Rennes !
Vous ne quitterez pas la rue du Chapitre sans remplir cette dernière
obligation. Nul ne peut s'y soustraire sous peine de représailles
: racontez nous la véritable histoire du Baron rouge. Cette histoire
doit tenir en trois lignes qui ne contiennent aucun verbe.
Voici une version possible, écrite par un écrivain drolatique
au Peanuts café, avenue Janvier :
- Tac
tac tac tac ! Ah ah ! En plein dans la carlingue ! Adieu monsieur
Snoopy
! A moi la renommée, à toi la gueule cassée. Ach !
Quand même ! Quelle Grosse Konnerie la Guerre !
Joe Krapov