CHAPITRE XVIII : DES PARCOURS A N'EN PLUS FINIR
5, La Maison de quartier de Rennes-Nord (parcours de l'Amérique)
 
 
        C'est bien la seule maison de quartier de Rennes où les habitués ont non seulement une place réservée sur le parking attenant mais encore leur nom inscrit à la peinture blanche sur leur emplacement personnel.

        Il y a des résidences comme ça où les locataires ont leur numéro peint sur le sol. Le 165, c'est Dupont, du 2e Droite, et vous n'avez pas intérêt à poser votre 2 CV là si vous venez rendre visite à Mlle D. du 4e Gauche au bloc B, parce sinon c'est l'incendie immédiat.

        Il y a des cliniques aussi comme ça. Emplacement réservé au docteur G. Place du Professeur K.  Place de ma mob, comme dit Renaud sur la pochette d'un de ses premiers albums. Et Marcel Aymé quant à lui nous apprend dans une nouvelle intitulée "Les deux victimes" qu' "en épousant une jeune fille sans dot et peut être sans orthographe, Lucien ne pouvait prétendre qu'à être médecin de campagne ou de petite ville, car les carrières glorieuses, comme de spécialiste des voies urinaires ou du larynx, ne s'ouvrent pas aux premiers venus mais aux jeunes praticiens dont les femmes apportent du comptant et des espérances". A quoi tient la réussite !

        A la maison de quartier de Rennes-Nord, ce sont les musiciens qui ont leur emplacement réservé. Il y a d'abord la place de Phil, le prof de khéna et tout juste à côté celle de Tom, le guitariste.

        La voiture rouge, sur la photo, c'est celle de Luc. Lui joue du saxophone et avec ses cheveux longs il a l'air d'un fou illuminé par LA lumière.

        La maison de quartier de Rennes-Nord, c'est un peu la maison du bon Dieu. Pas besoin de clé pour entrer et dès cinq heures du soir il y a toujours du monde à se retrouver là.

        C'est souvent Psylvia qui est à l'accueil mais elle, elle n'a pas de place de parking à son nom. Elle n'en a pas besoin, elle habite le quartier et elle vient à pied.

        La maison de quartier est adossée à l'espèce de colline qui part de la rue de Coëtlogon et qui fait que la rue Joseph Lotte et la rue Saint-Malo sont en pente à ce niveau.

        On l'appelle aussi la Maison bleue et tout cela  fait référence à une chanson d'antan : je vous parle d'un temps que les moins de vingt ans ne peuvent pas connaître à moins d'avoir fouillé dans la vieille discothèque de papa et maman et d'y avoir trouvé un vinyle gratouilleux sur lequel un barbu sympathique chante une chanson douce appelée : San Francisco.
 

 
 
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