Le réalisme socialiste est de retour à Rennes. C'est un événement
d'autant plus incroyable que personne ne s'était aperçu de
sa disparition. Oh bien sûr les Rennais ont des circonstances atténuantes
: cela fait vingt cinq ans sinon plus que les socialistes détiennent
la mairie et font preuve dans leur gestion d'un réalisme plutôt…
foncier.
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Les œuvres de l'école rennaise du réalisme socialiste (ERSS) que nous vous présentons ici sont des petits joyaux dans le genre post-déviationniste. La représentation d'une culture de la masse (mi marteau, mi faucille) adaptée au paysage urbain rennais (PUR) ne manque pas de piquant. |
Sur le mur de l'"Espace vert" qui resplendissait il y a encore peu au soleil du quai Saint-Cast, les ouvriers de Citroën n'ont qu'un œil ! A la place d'une Kalachnikoff, le révolutionnaire brandit un poireau ! Les cheminées fument en rouge et noir comme les sponsors du Stade Rennais. Les slogans en russe ne veulent rien dire : croyez en la longue expérience d'un gars qui a essayé d'apprendre le russe pendant cinq ans et qui est réputé pour savoir chanter Kalinka en faisant durer au moins vingt cinq secondes le "aaaaaaa" interminable du ténor à la fin du refrain. |
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L'autre fresque rennaise de l'ERSS est elle aussi appelée à disparaître : elle orne la palissade du chantier du NEC, le nouvel équipement culturel où vont se trouver regroupés le Musée de Bretagne, la Bibliothèque municipale et le Centre de culture scientifique technique et industrielle. Ici le marteau est devenu marteau-piqueur et les slogans vantent le NEC (la NEP ?!) et Rennes Métropole. Les feuilles mortes au pied de la palissade ont l'air de manifester pour qu'on les ramasse à la pelle ! |
Mais il faut admirer surtout les maîtres du Kremlin qu'on voit en
train de plancher sur le chapitre CR 08 du plan quinquennal et qui ont
l'air de ne pas très bien comprendre ce qui se passe.
- Quand la construction sera
terminée… Ca s'appellera toujours le NEC ?
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Le réalisme socialiste est de retour à Rennes. Faut-il s'en réjouir ou au contraire être joyeux de constater que ce phénomène est aussi passager que, mettons, les cigognes ? Je l'ignore. Mais depuis que je revois des queues interminables devant les boulangeries à cause du passage à l'Euro - des serpents monétaires ! - je sais que j'ai plaisir à stationner rue de Clisson devant la Maison slave. Les matriochkas qui sont là m'enchantent. Et cet après-midi, si Marina Bourgeoizovna, mon épouse, ne me tanne pas pour aller faire une balade à vélo, je me regarderais bien à nouveau la cassette du film "Anastasia » en sirotant de la vodka. A moins que je ne réécoute l'intégrale du Lac des cygnes, de Tchaïkovsky, en lisant Zochtchenko. |
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