Les Bretons sont têtus.
Ou s’ils ne le sont pas, le moins qu’on puisse dire de celui-là, c’est qu’il a de la suite dans les idées. Tout a commencé par une belle nuit d’été. Une belle nuit du mois d’août 2001 (à Rennes, nous avons tellement de belles nuits d’été tout au long de l’année qu’il convient de donner cette précision). Sur l’avenue Jean-Baptiste de La Salle, en face du café « La Casaque » et de la crêperie « Fleur de blé noir » notre Breton têtu se plante face à la boîte aux lettres installée par madame La Poste au milieu d’une belle rangée d’arbres qui descendent en ligne droite vers la rue de Brest et le centre ville. La boîte, d’un très beau jaune vif, est couverte de tags divers déposés là par moult générations de totos tagueurs bretons. |
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Le lendemain et les jours suivants de cette belle nuit d’été,
les Villejeannais de retour de vacances passent devant la belle boîte
verte et se demandent si, pendant qu’ils se baignaient à Sable d’Or
les Pins, Madame La Poste n’en a pas profité pour changer sans prévenir
le joli habillage bleu et jaune qui la distingue de, par exemple, monsieur
Staderennais, casaque rouge, toque noire. On s’attend à tout moment
à voir débouler dans le hall de son immeuble une factrice
sur un vélo vert et on se demande quelle est la couleur complémentaire.
Le noir ? Une factrice sur un vélo vert avec un cadre noir de Saumur
?
Surtout les Villejeannais se demandent s’ils peuvent continuer à utiliser la boîte aux lettres verte pour y déposer leurs missives. Est-ce qu’une 4L verte viendra s’arrêter pour prendre le courrier et l’acheminer vers les destinataires aux quatre coins du monde *? |
Les Villejeannais se demandent, en descendant vers le marché des
Lices le samedi matin, combien de temps vont mettre les totos tagueurs
de Villejean avant de venir saloper la belle ouvrage de madame La Poste.
La réponse ne tarde pas. Quatre jours après, Toto Letagueur est repassé par une belle nuit d’été – toutes les nuits de Rennes sont de belles nuits d‘été – et il a montré à la face du monde que, décidément, non, il n’aimait pas le jaune. Les Bretons sont têtus. Ou s’ils ne le sont pas, le moins qu’on puisse dire de celui-là, c’est qu’il a de la suite dans les idées. |
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