Cueillir
le raisin
En
Bretagne, en grande pompe :
Deux
faillies grappes !
La vigne se perche
En haut du mur, à
l'abri
De Maître Renard
La maison supporte
Sur son vieux mur une vigne
Qui lui donne une âme
Quand je bois du vin
J'oublie ce vieux Lamartine
Son âme et sa vigne
De ces tristes grains
Naissent des alexandrins
Qui ne nous grisent pas
L'escabeau dérape
;
Le sécateur en plein
coeur :
Finies, les vendanges !
Poésie = mildiou
!
Expédié A.
Lamartine
Au fond de son lac
Milly ! Lamartine !
Au berceau du romantisme
J'y mets un serpent !
Ils ont disparu,
Les romantiques. Il nous
reste,
Par bonheur, la vigne.
La folie, en grappe,
Au-dessus de mon berceau
:
Depuis j'ai un grain.
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La vigne et la maison
Ecoute le cri des vendanges
Qui monte du pressoir voisin
;
Vois les sentiers rocheux des
granges
Rougis par le sang du raisin.
Regarde au pied du toit qui
croule :
Voilà, près du
figuier séché,
Le cep vivace qui s'enroule
A l'angle du mur ébréché.
Autrefois, ses pampres sans
nombre
S'entrelaçaient autour
du puits ;
Père et mère
goûtaient son ombre ;
Enfants, oiseaux, rongeaient
ses fruits.
Il grimpait jusqu'à
la fenêtre ;
Il s'arrondissait en arceau
;
Il semble encor nous reconnaître
Comme un chien gardien d'un
berceau,
Sur cette mousse des allées
Où rougit son pampre
vermeil,
Un bouquet de feuilles gelées
Nous abrite encor du soleil.
Alphonse de Lamartine
(Les Recueillements poétiques,1839)
N.B. Il ne s'agit ici que d'un extrait
: dans le poème original complet, il y a une partie dans laquelle
le poète dialogue avec son âme. L'ambiance générale
est plutôt du genre "arrête, tu me déprimes !"
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