Le Boulevard des Italiens, à Rennes, ce soir-là, c’est la place Hoche. A peine terminée la leçon d’anatomie et de pédagogie des frangins Burattini, voilà qu’arrivent les Santandonjire. Des accordéonistes en chapeaux et chemises blanches, Saint-Antoine dans sa bure et Léon Trotsky à la guitare, une musique péchue, gaie, entraînante soutenue par des percusssions spectaculaires autant qu’inédites : des tonneaux recouverts d’une peau, un bâton humide qui traverse, qui frotte, qui tape et un joueur de castagnettes italiennes avec un chapelet de dominos qui s’écroulent les uns sur les autres. Ce qui est vraiment génial, c’est la petite lumière de Toscane qui illumine Rennes à ce moment-là et on n’a qu’un regret, celui de ne pas pouvoir goûter au vin qui a fait le voyage et que les musiciens boivent à même la bouteille entre deux morceaux. |
Plus tard, sur la place de la Mairie, c’est le tour du Commando Percu et
du feu d’artifice dont on serait étonné qu’il ne soit pas
signé Ruggieri.
Quelle journée que celle-là. C’est encore une fois, l’Italie à Rennes. Plus tard dans la semaine il y aura Giovanni Testa au Liberta, pardon, au Liberté et, ailleurs, « La mort accidentelle d’un anarchiste » de Dario Fo. Il faut le reconnaître, c’est très bien l’Europe des diversités avec beaucoup d’Italie dedans. On est à deux doigts de croire à ce ragot : l’organisateur de ces festivités rennaises ferait lui aussi partie de la société secrète « Renezia ». Il paraît, du reste, qu’il s’appelle Gianbernardino Vighetti ! Peu importe. Sur le boulevard des Italiens, avec la foule éclairée par les bâtons magiques du sapin de Noël, clamons bien fort : « Viva Italia ! Viva Renezia ! » |
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