LES PETITS PLAISIRS RENNAIS
2. Six petits plaisirs rennais
 
        En bas des grands immeubles, au pied des Horizons, les arbres sont très beaux. On pourrait leur donner des noms. Le saule pleureur serait Narcisse et les deux grands sapins s'appelleraient Castor et Pollux. En, passant devant eux, chaque fois, on pourrait les saluer. On les connaîtrait mieux, à la longue, que les habitants des immeubles.

        Dimanche, très tôt. La jog-gueuse passe devant moi rue Dupont Des Loges. Dans chacune de ses mains elle tient une bouteille de Champagne. Sont-elles pleines, sont-elles vides ? Je la suis du regard. Devant le gros réservoir vert, elle marque à peine un temps d'arrêt pour se débarrasser des deux derniers cadavres de la fête d'hier soir et elle se remet à courir.
C'était notre séquence "Buvez, éliminez".

        Il y a toujours des choses à découvrir à Rennes. Aujourd'hui j'ai vu, pour la première fois, place du Bas des lices, au-dessus de la porte d'un assureur, un écusson de pierre où figurent trois marmites. Sans doute y avait-il ici jadis un restaurant. Le guide Michelin existait-il déjà au Moyen-Age ? Quand ont été inventées les étoiles ?

        Quatre ou cinq chaises vertes alignées sagement devant le rideau bleu du manège Zébulon. Patientez, mesdames les chaises, la séance ne commence qu'à quinze heures. Il y aura un premier tour, un deuxième tour... Pour le ballotage, mieux vaut le cochon rose qui monte et qui descend plutôt que la voiture des pompiers dont seul le volant tourne
 

 
        Au carnaval du Blosne, samedi dernier, j'ai photographié un homme-orchestre. Sur sa grosse caisse, au lieu de "Société Dan Ar Braz" il avait écrit : "Orchestre Phil Ar Monique".

        Rue du Champ-Jacquet, un dessin au pochoir sur un mur. Il représente Verlaine, on lit les vers célèbres : "les sanglots longs des violons de l'automne..." et c'est signé "Bernard Tapie" !
Mais ce matin, plus rien : le mur a été repeint. Tant pis, il me reste une photo et le plaisir d'offrir cette image en partage.
 

 
 
 
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