Celui qui les regarde sans participer au combat est appelé par eux
un "kibbitz". Je ne sais d'où vient ce mot. Admettons que, pendant
trois ou quatre jours, faute de pouvoir tournoyer moi même, j'ai
été un kibbitz.
C'est une belle galerie de portraits que je ramène de ces visites.
Il y a d'un côté l'armée des Slovaques, plus âgée,
plus aguerrie. Elle comprend :
|
- Le professeur : un ventre de buveur de bière, des lunettes, grand, corpulent, il mène son combat dans le calme et plante en restant impassible de redoutables flèches. Il a une tête de prof de maths, une bouille ronde et une petite mèche de cheveux qui lui pend derrière le cou. | |
- Le docteur : plus âgé encore, vieux renard en retraite, lançant ses cavaliers sur le terrain avec une maîtrise remarquable, il met une pression terrible sur l'adversaire et se fait une joie de le faire assassiner par le plus petit de ses fantassins. |
|
- Le patriarche : la bedaine encore plus énorme, les cheveux blancs, le sourcil plus que broussailleux : une forêt sous la neige. C'est un tenace. Il ne rendra les armes qu'à l'issue de la bataille, quand le terrain sera redevenu un champ immense et plat seulement guetté par quelques corbeaux hâves. |
|
- Le cow-boy Marlboro : on sent qu'il a hâte d'en finir pour aller en griller une, ou deux, dans les toilettes ou la salle d'analyse. Je n'ai pas regardé la façon dont il tue mais j'ai bien vu que c'était un positionnel : je campe sur les trois premiers rangs puis j'enfonce un coin et j'appuie là où ça fait mal. |
|
De l'autre côté ils ressemblent plutôt au benjamin des Slovaques. Ils appartiennent à la Ligue de Poitou-Charentes : une bande mercenaires qui fonctionnent essentiellement à la sicilienne. De belles gueules de beaux gosses combatifs : Julien l'Efféminé qui a trouvé moyen de battre le docteur, Emmanuel le preux, barbiche à la mode Henri III qui s'est fait assassiner par le prof, Luc le Valeureux sacrifiant à tout va son cavalier à Schéveningue et plantant une fourchette mortelle entre les yeux du patriarche. Et puis Julien le Jeune, plus novice, plus innocent. Sans oublier Alexandre de Kangoo, le béret d'aviateur vissé à l'envers sur la tête, toujours en retard au temps et… très mal après le contrôle. |
|
De l'autre côté de la salle ce sont les maîtres. Six Français, deux Roumains, un Slovaque et un Hollandais. Là on ne parle plus. Ici on se méfie de soi-même plus encore que de l'autre. Les combats se terminent de manière sanglante autour d'un soldat isolé à qui il convient de faire franchir le Rubicon de la promotion. |
|
Quel drôle de musée ! Vingt personnages immenses à qui on donne chaque après-midi une armée soldats neufs, rangés en ordre de bataille , et qui n'ont qu'une hâte : transformer ce paisible tapis vert et blanc, l'échiquier, en champ clos d'un carnage silencieux. |
N.B. Joe Krapov, ancien joueur
d'échecs particulièrement nul, a aimé assister pendant
son séjour à Parthenay au tournoi de maîtres et au
tournoi d'évaluation opposant la ligue de Poitou-Charentes à
la ligue de Bratislava (Slovaquie).
Les écussons qui figurent sur cette
page ont été piqués sans aucune honte au site http://www.slovaquie.com.
Visitez le ! La Slovaquie semble être un très joli pays.
|
|
|
|
|
|