Les
allées du Thabor une nuit de pleine lune ;
promenade
insouciante d’un fugitif
à
la recherche de quelque korrigan.
Près
des biches, dans un sous bois,
il sait
qu’il trouvera les graines
épargnées
dans l’ancrure d’une pelouse.
La quête
est aisée pour qui est initié.
Plus loin,
aquamanile anachronique,
une fontaine
aux ombres inquiétantes
déverse
l’eau magique.
Soudain,
dans l’eau du bassin la magie s’opère,
l’esquisse
d’un germe, la renaissance...
De la
graine flétrie, érection triomphante,
une tige
s’agite.
Vite
!
Quelle
conjonction céleste,
prédite
par le druide
permet
cet enchantement ?
«
Notre Mère la Terre
à
son apholie
sera
saluée par la lune Pleine.
Alors
cette nuit là
toutes
les graines du Monde
même
celles de radis
retrouveront
la Vie »
Le livre
avait raison.
Dans l’humus
fécond
sur la
rive de la Vilaine,
quelque
part entre Rennes et Redon
il les
sema toutes.
Une seule
suffit.
Un radis
encore plus gros que la légende le dit
surgit
en une seule nuit.
Gourmand
de la vie, mais trop méfiant des femmes,
notre
homme s’offrit un somptueux repas
fait
de baies, sauvages, comme lui ...
... et
du gargantuesque radis.
La magie
s’accomplit.
De blanc,
il devint rose
puis,
plus personne ne le vit.
Il s’était
échappé d’une prison.
Nulle
injustice ne l’avait poussé à s’évader.
La tristesse,
seule, l’avait guidée.
Pauvres
amours déçues.
La fille
du geôlier en aimait un autre.
Dans les
prisons de Nantes,
quand
on sert des radis
certains
racontent que les nuits de pleine Lune...
Stéphane Hillion
N.B. Ce texte prolonge l'histoire du radis
géant qui elle-même faisait référence au
travail artistique d'Ar Furlukin. |
N.B. Ces photos ont été
prises lors des
"mercredis du Thabor" en juillet 2001
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