CHAPITRE II : BOUBAT ET LES MYSTERES DE RENNES
2. C'est-y toi ou c'est-y pas toi ?
 
Photo n° 1 : Porte d'Orléans, Paris, 1960
 
 
M. Florent Fouillemerde
Agence "Fiat Panda"
4, rue des Petits-Champs
35000 RENNES
          Je te remercie d'avoir bien voulu fouiller dans tes archives. Plus d'un an s'est écoulé depuis que j'ai quitté ton agence pour m'installer à mon compte ici à Rennes. Mais tu as pu constater que ma mémoire est toujours aussi infaillible. Quand le conservateur du Musée m'a montré le portrait de la fille, je me suis tout de suite souvenu que j'avais déjà vu sa trombine quand je travaillais chez toi.

        Comme je te l'ai expliqué dans mon précédent courrier, l'affaire s'annonce moins compliquée que celle des "agitateurs de Samfou-les-Boules" qui nous avait occupés l'année dernière. Encore que...

        Il ne s'agit ici, apparemment, que d'une disparition. "On recherche Mlle Isaure C., 20 ans, disparue de son domicile, 20 quai Emile Zola, à Rennes, le 1er avril de cette année. Toute personnne possédant des renseignements à son sujet est priée de les communiquer à M. Camille Cinq-Sens, café-bar "au Vieux Saint-Etienne", rue de Dinan à Rennes.

        En découvrant cette annonce dans le journal, mon client, le logeur de la jeune Isaure, est monté à l'étage. Il a ouvert la porte de l'appartement et il a dû se rendre à l'évidence : Isaure avait quitté son cadre de vie. L'oiseau s'était envolé.

        De ton côté, tu as fait diablement vite quand même. Sur la photo, Isaure, si c'est bien elle, a la même position des mains que sur le tableau, le même air tristounet et les mêmes vêtements ordinaires d'une jeune fille délicieusement bourgeoise. Qui attend-elle dans ce café ? Pour quel parcours de fuite, de fugue, de folie, dans quelles rues perdues, dans quels jardins secrets est-elle donc partie ?

        Evidemment, elle n'a pas la même coiffure. Elle serait même plutôt mieux comme ça, sans ses couettes et sans ses rubans roses. Mais elle a si peu d'épaules que le doute n'est presque plus permis. C'est bien elle, sur le tableau et sur la photo...

        ...Sauf qu'en retournant la photo je viens de lire la note manuscrite : Porte d'Orléans, Paris, 1960. Comment une jeune fille de vingt ans, peinte sur un tableau en 1838 peut-elle disparaître de son cadre en 1999 pour se retrouver à Paris dans les années 60 ?

        Tout cela est vraiment mystérieux. Je crois que je vais devoir aller faire un tour, finalement, du côté du vieux Saint-Etienne. Merci quand même de ton aide. Si tu trouves autre chose, n'hésite pas à me contacter. A bientôt.
 
 
 
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