CHAPITRE XVII : LA PLUME ET LE PINCEAU
Texte 107 : Bréquigny 2, Cirque 1
 
Ce tableau a été peint par Armelle Durand en 1999. Il fait partie d'une série ou plutôt il prend place dans deux séries, l'une étant la série des Bréquigny, série dans laquelle il a le n°2. Cette série comporte cinq tableaux qui se ressemblent fort par le cadrage, le paysage, les personnages humains ou animaux - avec des différences néanmoins que nous signalerons tout à l'heure - mais qui sont distingués l'un de l'autre par le choix des couleurs. 1 est ocre et bleu, 2, celui-ci, vert d'eau et terre de sienne ; le n° 3 est mauve et noir, le n° 4 gris et prune, le n° 5 bleu électrique et vert bronze. 
 
        Ce n° 2 est donc caractérisé par les couleurs vert d'eau et terre de Sienne. Le vert qui sépare presque le tableau en deux signale la présence à gauche de la mare et se poursuit sans césure dans les prés, les arbres et les buissons qui sont l'horizon. Le manoir des Chalais, très reconnaissable, est de la même couleur. Le ciel de même avec néanmoins quelques traînées, 
restes de soleil couchant à gauche, annonce d'orage à droite. La couleur terre de Sienne se conjugue du plus doré - les lions - au plus foncé - le tronc de l'arbre torturé à gauche, le dessous des feuillages à gauche et dans la partie droite du tableau. Cette allée de chênes centenaires qui montent jusqu'à la limite supérieure sont quelques spécimens de ces beaux arbres que la construction de la ZUP a respectés : on les situerait plus volontiers allée de Moravie ou square de Sétubal que dans le parc de Bréquigny. Mais cela n'est que construction légitime et si le peintre Armelle Durand, née rue Francisco Ferrer en 1950 et installée rue Frédéric Mistral où elle a son atelier depuis 1984, a voulu symboliser sous le titre "Bréquigny" tout ce qui reste de nature inviolée dans le quartier sud de Rennes, on ne peut que s'en réjouir.
 
         Parlons des personnages maintenant, dont vous devez vous dire d'ailleurs qu'ils rajoutent aux couleurs annoncées trois ou quatre touches de vermillon et plusieurs traînées de blanc lumineux. Dans la série Bréquigny, ce tableau n° 2 est le seul à représenter des lions, l'éléphant, le dromadaire, les léopards et les autruches. Il est remarquable que sur les autres tableaux la construction reste la même mais les léopards sont des chats, les autruches deviennent des dindons, les dromadaires un manège, les lions sont des chiens et l'éléphant est supprimé au profit d'un bœuf supplémentaire. 
          C'est ainsi que ce n° 2 est devenu, pour l'exposition qui a eu lieu au Triangle d'avril à juin 2000, "la ZUP et les peintres", le n° 1 de la série des cirques.
 
        Cette série à l'esprit très ludique représentait les personnages de ce tableau n° 1, mamelouk, bergère, portefaix, paysan et tous les animaux sauvages ou domestiques, dans un paysage champêtre (n° 1), dans le hall de la gare (n°2) - et là le manoir des Chalais était à l'horizon remplacé par un TGV et l'arbre aux singes par un caténaire -, sur la place de la Mairie avec l'Opéra à l'horizon, un lampadaire et le beffroi à la place de l'arbre et enfin le n° 4 sur l'esplanade au pied des horizons, les doubles tours jumelles prenant la place de l'arbre et Pontchaillou esquissé à l'horizon.
 
        Si les deux éléments architecturaux évoquent un peu la première série, il y a dans cette série des cirques plus de variété entre les tableaux. Personnages et animaux ne sont pas placés dans chacun de la même manière, ils font des farandoles, des pyramides, des tours savants, ils sont sous un chapiteau ou semblent en liberté dans le décor rennais que le peintre, facétieuse, leur a donné.

        L'exposition Cirque fera en 2001 le tour des différents quartiers. Ne la ratez pas : elle vous fait découvrir la ville avec un œil neuf et amusé.

        Quant à la série Bréquigny, nous nous sommes laissé dire que la ville en avait fait l'acquisition et l'installera sous la galerie du théâtre quand elle sera enfin aménagée.

         Mais que deviendra la série cirque sans son tableau n° 1 ? Armelle Durand a pris vraiment bien des risques.

                        Marie-Bernadette Bertrand

 
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