Il traverse la campagne
Et nous regarde rester.
Fier comme Artaban,
Cet idiot se croit malin,
Tout de gris vêtu.
Il n'est rien qu'un instrument
Aux mains de son maître
l'homme.
Portant des œillères,
Il ignore tout des arbres
Et de leur grand âge.
Ce fou n'a jamais le temps,
Il ne fait jamais le point.
Pluie, soleil ou vent,
L'arc-en-ciel lui fait des bosses A ce chameau dingue. La plus folle d'entre nous
Qu'il vaut mieux rester,
Qu'il vaut mieux prendre le
temps
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N.B. Ce poème est une suite de tanka. Le tanka est composé d'un haiku suivi de deux vers de sept syllabes.
P.S. Ce texte est issu d'une séance de l'atelier d'écriture de Villejean. Il s'agissait, en suivant l'exemple de Raymond Queneau, dans "Exercices de style " de réécrire différemment un premier texte composé librement, à savoir celui-ci :
Le train traverse la campagne
et regarde rester les vaches. Mais la plus folle d'entre elles sait bien
que cet idiot ne voit jamais plus loin que le bout de son aiguillage. Il
va de ville à ville, emmenant les humains, portant leurs marchandises,
mais il a, virtuellement, des œillères. Le train ne comprend rien
à la beauté des arbres, il est insensible au soleil couchant
et se fiche de l'arc-en-ciel comme de son premier caténaire. Le
train est porteur de bien plus de drames que de joies. Oubliez donc un
peu de baisser la barrière et vous verrez si je ne dis pas vrai.
Par contre, imaginez combien on peut tailler de steaks dans ma bavette
! Pas mal, hein, je vous vois déjà saliver !
On pourrait réécrire aussi la
suite de tankas en style "bref". Cela donnerait :
Tanka d'la vie, a d'l'espoir
!