LES CHIENS ABOIENT, LE CARAVAGE PASSE
1. Adèle va se faire cuisinier
 
 
           Quand Adèle s'est pointée ce samedi matin à 9 heures sur la placede la Mairie, à Rennes, il pleuvait déjà comme à Gravelotte. Elle retira son pépin de son sac et le démoula bien droit bien large au-dessus de sa citrouille.

        Près du manège elle se déposa sur un banc et se souvint de l'Angélus. Elle revit en songe le père Pivoine et sa Jeannette, debout dans le crépuscule de chaque côté de la brouette, prêts à sortir de leur musette le cidre et les galettes-saucisse. Qu'est ce qu'ils pouvaient bien fricoter ces deux-là, maintenant ?

        Sous le clocher à bulbe la mairie reposait et ce samedi pluvieux allait s'enfourner pas plus gai qu'un autre dans la mémoire des Rennais.

- Alors Adèle, on se les pèle ? Ton complice t'a posé un lapin ?
- Déjà levée ma poule ? A dévorer le canard pour voir si les poulets sont sur une piste ?
- Tu pensais peut-être prendre la poudre d'escampette ? Ben tu vois c'est râpé ! On dirait que les carottes sont cuites pour toi.

        Un temps elle eut le projet de s'enfuir mais le commissaire Dugommier et l'inspecteur Caponi lui avaient déjà saisi chacun un bras.

- On va te soigner aux petits oignons, ma cocotte. On va t'assaisonner. Ce ne serait que de moi, je te hacherais menu, même. Ce que tu as fait à Punais, on ne l'a pas digéré.

- Ca se voit que j'ai tué quelqu'un ?" demanda Adèle d'un ton détaché.
 

 
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