LES POEMES DE THEODORE CHASSERIAU
30. Scaramouche (rue Georges Dottin)
 
 
La rue Georges Dottin, j’y traînais mes bottines 
Quand j’étais cabotin au temps des guillotines. 
Je jouais les spadassins, couvert de brillantine 
Ou j’étais assassin d’allure transalpine,  
Comédien cornélien égaré chez Racine, 
A l’accent faubourien, à la fièvre arlequine, 
Italien bondissant,  nourri de vitamines, 
Jeune corps de vingt ans, l'âme encore gamine. 

Et la gent féminine appréciait mon maintien. 
Plus d’une Bécassine est venue dans ma main 
Manger la nougatine du héros libertin, 
Goûter les protéines des mes petits câlins. 
Et dans la moleskine ou sur le traversin 
J’aimais ces gourgandines au digne popotin,  
Ces belles citadines au geste plébéien, 
Ces aimables coquines au rire cristallin. 

Hélas un Alsacien eut vent de sa débine 
Et dans mon avant-train, à coups de carabine, 
L’infâme Béotien planta sa chevrotine. 
J’eus en un tournemain une fièvre intestine. 
Un brave pharmacien, dans son humble officine, 
Recousit l’intestin, me dopa d’aspirine, 
D’herbe de romarin et autre saccharine 
Pour me remettre en train sur la route voisine 

Et depuis, orphelin de ma lame extra-fine, 
Dans le bouge anodin où les belles tapinent, 
Au bordel clandestin où danse Capucine, 
Sur un vieux strapontin, je joue la mandoline. 
Devenu musicien, je chante aux libertines 
Des arias bohémiens et d’amples sonatines. 
Puis, au petit matin, dans l’aube mandarine, 
La rue Georges Dottin voit passer mes bottines.

 
 
 
 
 
  
Pas de doute. C'est bien Scaramouche 
sur l'enseigne du Florane, 
rue Saint-Georges à Rennes !
 
 
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