La rue Georges Dottin,
j’y traînais mes bottines
Quand j’étais cabotin
au temps des guillotines.
Je jouais les spadassins, couvert
de brillantine
Ou j’étais assassin
d’allure transalpine,
Comédien cornélien
égaré chez Racine,
A l’accent faubourien, à
la fièvre arlequine,
Italien bondissant, nourri
de vitamines,
Jeune corps de vingt ans, l'âme
encore gamine.
Et la gent féminine appréciait
mon maintien.
Plus d’une Bécassine
est venue dans ma main
Manger la nougatine du héros
libertin,
Goûter les protéines
des mes petits câlins.
Et dans la moleskine ou sur
le traversin
J’aimais ces gourgandines au
digne popotin,
Ces belles citadines au geste
plébéien,
Ces aimables coquines au rire
cristallin.
Hélas un Alsacien eut
vent de sa débine
Et dans mon avant-train, à
coups de carabine,
L’infâme Béotien
planta sa chevrotine.
J’eus en un tournemain une
fièvre intestine.
Un brave pharmacien, dans son
humble officine,
Recousit l’intestin, me dopa
d’aspirine,
D’herbe de romarin et autre
saccharine
Pour me remettre en train sur
la route voisine
Et depuis, orphelin de ma lame
extra-fine,
Dans le bouge anodin où
les belles tapinent,
Au bordel clandestin où
danse Capucine,
Sur un vieux strapontin, je
joue la mandoline.
Devenu musicien, je chante
aux libertines
Des arias bohémiens
et d’amples sonatines.
Puis, au petit matin, dans
l’aube mandarine,
La rue Georges Dottin voit
passer mes bottines. |
Pas de doute. C'est bien Scaramouche
sur l'enseigne du Florane,
rue Saint-Georges à Rennes !
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