LE DOSSIER RENEZIA
5. Une exposition à Villejean
(Extrait de "Ouest-France" du mardi 29 février 2499)
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Vie en ville_____________________________

Villejean : exposition de poésie rennaise du XXe s.
 
 
  A la Bibliothèque municipale de Villejean, sur la piazza Kennedy, on peut admirer depuis quelques jours une exposition consacrée à la poésie rennaise de la fin du 20e siècle. Nous avons rencontré Mme Jacqueline Sansono, la conservatrice du lieu. 
O.-F. - De nombreux incunables figurent parmi les oeuvres exposées. Pouvez-vous nous parler de ces pièces prestigieuses ? 
J.S. - Les incunables (NDLR : ouvrages imprimés sur papier avant l'an 2000) de nos collections ont en général été ramenés par les flottilles de pêcheurs rénitiens de leurs premières campagnes de pêche au-dessus de l'ancienne région de Paris. L'ancienne capitale de notre pays a été submergée jusqu'à la hauteur des tours de la Bibliothèque Nationale de France. Il a été possible de repêcher une partie bien détrempée de ce 
patrimoine documentaire. Mais ce ne sont pas ces pièces que nous exposons aujourd'hui. Il s'agit d'une production purement rennaise, retrouvée dans les caves de la Maison de quartier de Villejean. 
O.-F. - Et que trouve-t-on parmi ces documents. 
J. S. - Bizarrement, beaucoup de haiku ! Sans doute à cause de Travelling Tokyo, une manifestation culturelle qui jumela à l'époque Rennes et la capitale du Japon. 
O.-F. - Et à part ça ? 
J. S. - Nous exposons une chanson satirique sur le Val qui est en fait un détournement d'une chanson plus ancienne. 
O.-F. Pouvez-vous rappeler à nos lecteurs ce qu'était le Val. 
J. S. Avant que Rennes ne devienne Renezia, Edmond RV 1 et ses conseillers avaient opté pour un système de transport en commun souterrain. Nous avons de la 
peine à nous imaginer aujourd'hui, dans notre univers sans voitures, ce que cela pouvait engendrer comme désagréments pour les automobilistes de l'époque. C'est un peu cela que la chanson évoque. 
O.F. Connait-on les auteurs de ces textes ?  
J. S. Absolument pas. Les textes sont dactylographiés sur feuilles volantes et réunis dans un classeur. Ils semblent avoir été écrits sur place, à la maison de quartier, peut-être dans le cadre d'un atelier d'écriture.  
O.-F. Merci. Rappelons que l'exposition restera visible pendant toute la période du Carnaval. 

Mme la conservatrice a bien voulu accepter que nous reproduisions ci-dessous certaines des pièces de l'exposition. Nous l'en remercions vivement. 
 

 
Je demeure dans une maison du centre de Rennes
Où l'on fait depuis trois s'maines 
Des fouilles et des travaux 
Pour faire passer le métro 
De ma fenêtre tout en fumant des pipes 
Je regarde les équipes 
Dont les hommes sont occupés 
A faire un trou dans mon quai 
Si vous désirez mon adresse 
C'est pas difficile à trouver 
Afin que chacun la connaisse 
En deux mots j'vais vous expliquer : 
Y'a un quai dans ma rue 
Et y'a un trou dans mon quai 
Et vous pourrez contempler 
Le quai de ma rue et le trou de mon quai 

Un petit pois rouge 
Sur la nappe immaculée 
Drapeau japonais 

Le marchand d'oiseaux 
Solde le cacatoès 
Et l'ara qui rient 

Les étoiles brillent 
Par dessus le mont Fuji : 
Un film Paramount ! 

D'homme et de baleine 
Il est croisement huileux : 
Le sumotori 

Agrippés ensemble 
Pantalon et veste blanche : 
Les deux judokas 
 

Il est toujours "rond" 
Cet empereur du Japon : 
Saké Charlemagne ! 

Sur ces plages blanches 
L'encre a laissé quelques traces 
Sur ces pages blanches 

Cloisons de papier, 
Pudeur et discrétion : chut ! 
Jouissons sans cris ! 
 
 
 

LE THABOR 
(faux sonnet) 

Le temps n'existe pas au jardin du Thabor : 
Les statues ont toujours eu cet air attristé, 
La volière là-bas a toujours existé, 
Dressée droit vers le ciel comme un temple d'Angkor 

Sous le kiosque à musique - aujourd'hui c'est dimanche - 
Trois harmonies retiennent les passants captifs. 
On écoute un moment le flûtiste attentif 
Et la clarinettiste en chemisette blanche. 

Autour du pigeonnier les familles trottinent. 
Sur les bancs de Brassens où parfois se lutinent 
Colombine et Pierrot dans leurs blanches amours 

Tout un chacun s'assoit et reste sans rien dire. 
Depuis la nuit des temps, chacun sait qu'on respire 
Au jardin du Thabor des parfums de "toujours". 
 

 
 
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