Personnages : un homme et
une femme mariés ensemble. 3 enfants
Lieu : au 14e étage d'une tour HLM à Sarcelles Moment : 20 h 30. Jean-Pierre Foucaud
anime la 213e émission de
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Evénement : L'homme, en fouillant dans ses poches, s'aperçoit qu'il n'a plus de cigarettes. C'est un gros fumeur
Un décor est ici planté. Racontez
ce que l'homme fait ou ne fait pas.
C'est l'heure où les gendarmes et les voleurs jouent aux gendarmes et aux voleurs. C'est l'heure des petites balles perdues.
Sortir, partir, ne pas mourir, ne pas pourrir, ne pas martyre, ne pas se faire tartir non plus.
Il se lève, entre dans sa chambre, prend les recueils de poésie sur l'étagère. Il ouvre son grand cahier à petits carreaux, saisit un crayon qui traîne et il écrit. Il écrit :
QUARTIER PREVERT
Rue des
Paris stupides, une auberge du Cheval rouge
Avenue
de l'Eclipse le magasin "Immense et rouge"
Impasse
de l'Ordre nouveau la boutique "Au hasard des oiseaux"
Rue du
Miroir brisé, le local de l'association "Quartier libre"
Rue de
l'Ecole des Beaux-arts le logement de Mlle Epiphanie
Chemin
du Droit chemin la statue d'un grand homme.
Rue des
filles d'acier le Désespoir est assis sur un banc. Il pleure. L'homme
s'assied à côté de lui et entreprend de le consoler.
- Tu
ne devrais pas te laisser aller, Désespoir. Il y a toujours moyen
de s'en sortir, de partir, de ne pas mourir…
- T'as
pas un clope ? demande le Désespoir.
- Non,
ce soir je fume pas. J'ai trouvé autre chose. Un jeu d'enfant. Un
truc d'école primaire. Tu prends un livre de poèmes et avec
les titres des œuvres tu fabriques des noms de rues, tu y mets des maisons,
des boutiques. Tu fabriques un quartier, une ville, tu refais le monde
à ta façon.
- Je
veux bien fabriquer un quartier Verlaine avec toi.
- Eh
bien vas-y, commence. Ouvre le livre
- Ruelle
du Clair de Lune, le café Nevermore
- Rue
Monsieur Prud'homme la bijouterie "L'Heure du berger"
- Rue
de la Promenade sentimentale "En sourdine" voisine avec "L'amour par terre"
: un magasin de disques de jazz cool et un marchand de moquette.
- Avenue
Mandoline, le café Colombine. On va y boire un verre ? Peut-être
qu'on y trouvera des cigarettes ?
- Et
s'il n'y en a pas on ouvrira Rimbaud, Apollinaire ou Charles Cros
- Ca
marche mon pote !" commente le Désespoir, ragaillardi.
Sans cigarette, sans rien, avec des mots à lui, avec les mots des autres, l'homme a reconstruit la ville le monde.
Sans cigarette, sans rien, avec sa tête, l'homme fume. La poésie
parfois, c'est une bouffée d'air frais, un paradoxe. A chacun son
tabac.
Règles du jeu :
http://pharouest.ac-rennes.fr/e352199A/ les_ptits_bouquineurs.htm Très beau texte inscrit au tableau d'honneur
Passez une heure (ou deux) en poésie
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