Et nous y voilà à notre rendez-vous. Il a fallu demander
des autorisations d'absence à nos patrons. Enfin, à 17 H
20, tout le monde est prêt devant les locaux de TV Rennes. Quelqu'un
sort du bâtiment, nous demande ce qu'on fait là. Notre chef
répond que nous sommes conviés pour être enregistrés.
Le monsieur de TV Rennes n'est pas au courant, pourtant c'est lui qui fixe
les rendez-vous. Il demande à voir nos cahiers de chants, l'affiche
de la fête de la musique, demande le nom du directeur de la Maison
de quartier de Villejean et rentre dans ses bureaux.
Aïe,
aïe,aïe, ça s'annonce mal. Panique ! Est-on venu pour
rien ? Plaisanterie ?
C'est quand même surprenant de se voir là, parmi les caméras, sous les spots, jonglant entre les micros, quand on s'appelle d'un nom aussi peu sérieux que "les Rats déridés" !
Les instruments doivent monter sur l'estrade. Guitariste et accordéoniste
s'exécutent docilement. Nous, les choeurs, restons en bas.
- Y a-t-il
des chanteurs dans le groupe ?"
- Ben,
oui."
- Qui
?"
- Ben,
nous."
- Tous
? "
- Oui."
- Ah,
je vous croyais des supporters. Alors, rejoignez les instruments."
Ca y est, ils vont s'occuper de nous. Les plus petits devant autour des musiciens, les hommes à gauche (droite de l'écran), les femmes à droite (gauche de l'écran). On va faire des réglages. Casque en tête, caméra au poing, compte à rebours avec la régie : "Allez-y."
Hervé donne les notes du "Pont de Morlaix", la guitare et les chanteurs
démarrent allègrement, c'est parti.
- Pour
moi, les réglages sont au point. Vous allez rester là pendant
le journal. Vous pouvez chanter si vous voulez vous échauffer la
voix."
On s'apprête à débiter tout notre répertoire car notre premier essai nous a rassurés : on se trouve très à l'aise. On chante. Mais Hervé s'obstine à ne vouloir jouer que les deux chansons que nous devons interpréter, tout ça pour ne pas se déconcentrer.
Il y a une heure que nous sommes là. Arrivent des tas de gens qui nous disent "Bonjour" au passage : la speakerine, un médecin qui doit intervenir pendant le journal, trois cameramen et un preneur de son. Essai pour eux aussi. A 18 H 30, silence, le journal du soir commence ; il dure un quart d'heure. On est toujours à la même place sur cet espace réduit qu'est notre estrade : les fourmis nous montent aux pieds, les jambes nous rentrent dans le corps, les genoux flageolent : c'est dur de faire les vedettes !
Un autre présentateur arrive qui nous dit ce qu'on devra faire :
- Après
le générique, vous jouez rapidement."
- Alors,
s'inquiète l'accordéoniste, on va jouer seulement un bout
de chanson en vitesse ?"
- Non,
pas du tout ! Ce que je veux dire, c'est que tout de suite après
le sommaire, c'est à
vous
!".
Ah bon ! A ce moment-là, on comprend qu'après les essais,
notre intervention va se faire... en direct.
D'ailleurs ça s'agite sur le plateau. La présentatrice de tout à l'heure est maintenant derrière une caméra - compression de personnel ! -, elle se plaint que le zoom ne fonctionne pas. Il n'y a pas de retour d'image. Dans une minute va débuter la page culturelle, c'est là que nous attaquons.
Le présentateur rentre avec le président de l'ARV et le conseiller
municipal de Maurepas
Générique.
Sommaire du journal. C'est notre tour...
Impeccable, notre début sur les antennes ! On donne de la voix.
On s'envole littéralement.
Le conseiller
municipal nous applaudit et propose un jumelage de chorales entre Maurepas
et Villejean. Le président de l'ARV fait
état des festivités de Villejean et parle de nous en disant
"nos amis seront là pour animer le quartier samedi". Nous sommes
au septième ciel, peut-être même au huitième
s'il y en a un.
Ensuite, arrive un sonneur, Christian Anneix, qui doit participer à
la fête de la Gallésie à Monterfil. On le place sur
l'estrade au milieu de nous, en avant du plateau, et voilà tous
les micros réglés pour nous déplacés
pour entendre la cornemuse. La chaleur ne plaît pas à l'instrument
: le bourdon ne se met pas en route et ça fait un drôle de
bruit qui siffle aux oreilles, c'est désagréable alors que
le morceau joué est fort beau. Il faut dire qu'il fait chaud sous
les projecteurs. Mais voilà la fin de l'émission.
- Nous
allons vous quitter avec une autre chanson de marin". Nous entonnons avec
entrain "Nous irons à Valparaiso".
Chacun récupère son matériel. "Au revoir" et nous
voilà dehors, éberlués de ce qui nous est arrivé...
..."Ensemble nous somm's repartis, dans l'tourbillon d'la vie
Pressés d'aller nous regarder passer à la télé.
On est passé à la télé, on est passé
à la télé".
On se disperse en se disant : "A samedi sur la dalle".
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