CHAPITRE III : NOTES DE PARCOURS DE P'TIT LOUIS
11, Notes prises pour le parcours des yeux fermés.
1, L'avenue Gaston Berger
 
  
- L'avenue Gaston Berger, c'est le mur de Berlin !"  

J'ai entendu prononcer cette phrase-là un jour à la Maison de quartier de Villejean. On serait tenté d'ajouter qu'il y a peu de gens pour passer à l'Ouest, mais il n'y en a pas plus qui veulent passer à l'Est. A ceci près que l'avenue Gaston Berger est elle-même un petit axe Est-Ouest et qu'il s'agirait plutôt en l'occurrence d'une espèce de conflit Nord-Sud. Peu importe.  
  
 

  
Quelquefois je le franchis, le mur. Je vais faire mon tour en Allemagne de l'Est. La population y est jeune, mal habillée, mal rasée, avec un mode de vie suranné, un langage incompréhensible, des mœurs assez bizarres. Certains soirs, par exemple, les Allemands de l'Est se ruent au "Tambour", un grand bâtiment rond, leur opéra-Bastille à eux, pour y voir de vieux films de Woody Allen ! 
  
Beaucoup sont habillés comme quand j'avais vingt ans, et ça ne date pas d'hier ! Certains arborent carrément les vieux attributs baba-cool que les gens de mon âge portent sur les vieilles photos qu'ils évitent de montrer à leurs propres enfants ou à leurs collègues actuels.  

 Les Allemands de l'Est parlent une langue que personne d'autre qu'eux ne comprend.

 

 

  
Quand ils peignent des fresques sur les murs de leur bibliothèque, les Allemands de l'Est ne peuvent s'empêcher d'appliquer les principes esthétiques du réalisme socialiste. Ainsi pour cette illustration d'"Hourra l'Oural" d'Aragon. 
  
Ce qui est surprenant avec les Allemands de l'Est, c'est qu'on ne les voit jamais travailler. Le matin, ils débarquent du bus n° 8 en troupeau et s'engouffrent par paquets compacts dans l'usine. Au fronton de celle-ci, il y a ce slogan surprenant : "Vive la dictariat du prolétature". A l'intérieur de l'usine la cafétéria est très fréquentée. 
 
         Le long de l'avenue du Professeur Léon Bernard, on a une vue imprenable sur les ateliers et l'on peut voir ainsi les Allemands de l'Est au "travail" (du latin trepalium, qui veut dire "supplice chinois"). Ils sont assis dans une pièce dont ils ne peuvent s'enfuir et un commissaire politique leur bourre le crâne de principes idéologiques capitaux mais surannés. Cela dure toute la journée. Les commissaires politiques doivent manger de l'ail : les Allemands de l'Est sont tous assis dans le fond de la salle : personne ne s'assied jamais aux trois premiers rangs à cause de leur haleine fétide.

         Aujourd'hui, j'ai fait une incursion plus approfondie en Allemagne de l'Est. Je suis allé suivre un stage de réadaptation dans une cellule du parti appelée URFIST. On m'a bourré le crâne d'URL et d'HTML pour m'apprendre "Internet et la biologie". J'ai eu de la chance, le commissaire politique était sympa et j'aurais pu tomber sur "Natation et hormone" car la piscine de Villejean n'est pas très loin. Sauf que dans les listes de diffusion que j'ai été obligé de visiter, j'ai découvert deux spécialités locales qui m'ont permis de comprendre pourquoi ce mur de Berlin-là n'est pas près de tomber :
 
- la liste de diffusion des blagues de Carambar !
- la liste de diffusion sur les slips kangourous ! 

         Des slips kangourous ! Pourquoi pas porter des Marcel pendant qu'on y est ? Je ne suis pas prêt d'y remettre les pieds en Allemagne de l'Est !

P.S.     Pour tous ceux qui l'ignoreraient, on trouve essentiellement, avenue Gaston Berger, l'Université de Rennes 2 (dite aussi UHB). Ce texte a été écrit par P'tit Louis Lebreton après une consommation excessive de gouda. Pour ceux qui ne le sauraient pas encore, les effets secondaires du gouda fumé sont du genre redoutable.
 
 

  
 
 
 Retournez au menu
de Rennes en délires 
Retournez au menu des 
Notes de parcours
Précédent
Suivant